La régulation des émotions et la dépression sont corrélées à des différences structurelles chez les patients six mois après avoir une chirurgie discale lombaire

  Rapporté par Sophie Baudic (Hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt) d’après la communication :
Emotion regulation and depression correlate with structural differences in patients six months after lumbar disc surgery
O Chehadi et al.
IASP 2014, Buenos Aires, 6-11 octobre 2014


Des études récentes ont montré que la diminution régionale du volume de la matière grise est corrélée à l’intensité de la douleur lombaire et à celle de la dépression. La suppression des pensées, dans le cadre de la régulation des émotions, joue un rôle important dans le développement de la dépression.
Les études d’imagerie fonctionnelle ont montré l’existence de réseaux corticaux spécifiques qui sont modulés par le contrôle attentionnel de la douleur en général et plus spécifiquement par la suppression des pensées. La relation entre les altérations structurelles cérébrales dans ces régions et la suppression de la pensée est à ce jour méconnu.

Les régions cérébrales qui sont spécifiquement liées au contrôle cognitif des émotions et de la douleur (DLPFC, VLPFC et ACC) seraient les plus affectées. De plus, les changements dans ces régions préfrontales seraient corrélés aux scores de dépression et de suppression de la pensée.
Les auteurs ont exploré un groupe de 30 patients six mois après qu’ils aient subis une chirurgie discale lombaire (13 patients guéris x 17 patients non guéris). Le critère de guérison est basé sur le score de la douleur (cutoff 3). Les patients qui avaient un score ≥ 4 étaient considérés comme non guéris alors que ceux dont le score était inférieur à ≤ 3 étaient considérés comme guéris.

L’intensité de la douleur a été mesurée par une échelle d'évaluation numérique. Les questionnaires suivants ont été utilisés: Inventaire de Dépression de Beck (BDI), Hanovre capacités fonctionnelles Questionnaire (FFBH-R) en cas d'invalidité liée à la douleur et l'échelle de suppression de la pensée (TSS), le Questionnaire d'évitement-Endurance (AEQ).
La dépression et l'incapacité fonctionnelle liée à la douleur étaient significativement plus élevées dans le groupe de patients considérés comme non guéris par rapport au groupe de patients guéris. Les analyses de l’imagerie fonctionnelle ont montré des augmentations significatives du volume de la matière grise dans les régions associées au traitement de la douleur et de la régulation des émotions, gyrus temporal supérieur (STG), cortex cingulaire postérieur et le gyrus précentral dans le groupe considéré comme non guéris.
En outre, le groupe considéré comme non guéri a montré des diminutions significatives au niveau du precuneus, gyrus frontal supérieur et cortex cingulaire postérieur. Les auteurs on observé pour l’ensemble du groupe une corrélation négative significative entre le volume de la matière grise dans le STG, le putamen et la suppression de la pensée. De plus, il y avait une corrélation négative significative entre cuneus et la dépression.

Ces résultats sont cohérents avec les recherches antérieures sur le contrôle cognitif et peuvent fournir des indications potentielles sur les mécanismes neuronaux de la dépression et de la régulation des émotions, notamment de la suppression de la pensée dans la lombalgie.