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Thursday, June 5, 2014

Renforcement des Soins Palliatifs en tant que composante de soins et de traitement intégrée tout au long de la vie
 
OMS Avril 2014
1. Ce rapport décrit la situation actuelle à l'échelle mondiale des soins palliatifs et les mesures qui sont indispensables à son développement avec une approche de santé publique.
DÉFINITION, BESOINS ET AVANTAGES
2. L'OMS définit les soins palliatifs comme une approche qui améliore la qualité de vie des patients (adultes et enfants) et de leurs familles confrontés aux problèmes liés à la maladie incurable et à la fin de vie, par la prévention et le soulagement de la souffrance via l'identification précoce des pathologies et de leurs complications, l’évaluation médicale correcte, l’utilisation des traitements contre les douleurs et les soins contre les problèmes d'ordre physique, psychologique ou spirituels. Les soins palliatifs respectent le choix des patients et aident leurs familles à faire face à des questions pratiques, y compris face à la la douleur psychique tout au long de la maladie, à la perte d’un être cher et dans le deuil.
3. En ce qui concerne les soins palliatifs et le droit à la santé, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, dans son observation générale, a noté que «les États sont dans l'obligation de respecter le droit à la santé ... en s'abstenant de refuser ou limiter l'égalité d'accès aux soins... - services préventifs, curatifs et palliatifs- pour toutes les personnes qui en ont besoin". Le droit à la santé est reconnu comme un droit humain fondamental. Ce droit est reconnu par plusieurs accords internationaux au même titre que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la Convention contre la torture de l'OMS et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la Convention relative aux droits de l'enfant et la Convention relative aux droits des personnes handicapées.
4. L'OMS estime que, chaque année dans le monde entier, 20 millions de personnes ont besoin de services de soins palliatifs de fin de vie et, comme beaucoup de gens sont susceptibles d'avoir besoin de soins palliatifs dans l'année précédant le décès, c’est sur un total d’environ 40 millions personnes qu’il faut réfléchir. On estime que sur les 20 millions de personnes ayant besoin de soins palliatifs à la fin de leur vie, environ 80% vivent dans les pays à revenu faible et moyen; environ 67% sont des personnes âgées (plus de 60 ans), alors que 6% sont des enfants.
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5. Les conditions dans lesquelles les soins palliatifs peuvent être nécessaires comprennent les maladies chroniques non transmissibles telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires, les maladies pulmonaires obstructives chroniques, l’ insuffisance rénale, les maladies hépatiques chroniques, la sclérose en plaques, la maladie de Parkinson, l'arthrite rhumatoïde, les maladies neurologiques, la maladie d'Alzheimer et autres démences , les séquelles des anomalies congénitales , les maladies infectieuses telles que le VIH / SIDA et la tuberculose résistante aux médicaments.
La majorité des adultes ayant besoin de soins palliatifs sont déjà soignés de maladies cardiovasculaires (38,5%), de cancer (34%), les maladies respiratoires chroniques (10,3%), le VIH / sida (5,7%) et le diabète (4,6%). L’âge moyen des patients en SP, souffrant du VIH / SIDA, de tuberculose ou d'hépatite B ou C est de 15 ans à 59 ans, alors que ceux qui meurent de la maladie d'Alzheimer, de la maladie de Parkinson, de Sclérose en plaques, des maladies respiratoires chroniques, de maladies cardiovasculaires, de diabète, da polyarthrite rhumatoïde ou de cancer sont principalement âgés de plus de 60 ans.
6. Les Soins Palliatifs améliorent la qualité de vie des patients (à travers, par exemple, une réduction de la charge négative des signes et des symptômes) et de leurs familles (fatigue psychologique et physique, souffrance). Les SP améliorent les prestations de soins de santé en réduisant les admissions inutiles à l'hôpital et l'utilisation des services de soins de santé. Les SP améliorent la prise en charge des patients à leur domicile.
Si la plupart des recherches sur l'impact des soins palliatifs émane de pays à revenu élevé, un nombre croissant de recherches rapporte des résultats similaires dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Les SP sont compatibles , dans des modèles adaptés, à la culture d’une société, à la participation de la communauté de proximité, des associations , des bénévoles et obtenir des bons résultats.
7. Les douleurs sont l’un des problèmes les plus fréquents et les plus graves observées chez les patients en soins palliatifs. Les analgésiques opioïdes sont indispensables pour traiter la douleur modérée à sévère chez les patients cancéreux comme pour traiter les douleurs sévères chez les patients avec diverses maladies non cancéreuses progressives avancées.
Les douleurs sont particulièrement fréquentes et importantes dans la phase terminale de la maladie. Par exemple, environ 80% de malades souffrant d’un cancer, du sida et 67% des patients atteints de maladies cardio-vasculaires, de maladies pulmonaires obstructives chroniques connaîtront des douleurs modérées à sévères à la fin de leur vie.
Les soins palliatifs ne se limitent pas à la gestion des douleurs. Plusieurs autres problèmes pénibles, comme la détresse respiratoire, les escarres, les contractions tendino-musculaires
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articulaires, l’anorexie, la déshydratation… sont connues et exigent des soins continues. Les opioïdes sont efficaces pour réduire la sensation d'essoufflement chez les patients ayant une maladie avancée de toute cause.
CONSÉQUENCES POUR LES SYSTÈMES DE SANTÉ
8. Le besoin en services de soins palliatifs va continuer à croître, en partie à cause de la prévalence croissante des maladies non transmissibles , le vieillissement des populations partout dans le monde et l’organisation-évolution de la société.
Pour les maladies non transmissibles, la nécessité en SP en fin de vie pourrait être réduite grâce à leur détection précoce et leur gestion en temps opportun pour prévenir les complications. La demande croissante pour les soins palliatifs, couplée aux contraintes financières publiques et privées, exige une approche durable de la santé publique (voir paragraphe 19 ci-dessous). Ceci va exiger une reconfiguration des départements de santé pour intégrer les soins palliatifs en leur sein et d'engager la communauté des soignants dans son ensemble à soutenir chacun dans son domaine les patients qui ont besoin de soins palliatifs en travaillant en partenariat.
9. Les systèmes de santé nationaux doivent inclure les soins palliatifs précoces dans le continuum de soins pour les personnes atteintes de maladies chroniques. Ces derniers ont des facteurs de risque plus importants. Il faut développer à leur égard une stratégie de prévention, de détection précoce, de traitements et d’éducation thérapeutique. Les SP ne sont pas une option. Les SP doivent être fournies aux côtés de traitements potentiellement curatifs et doivent être adaptés aux besoins physiques, psychosociologiques et spirituels. Les SP exigent un potentiel de soignants de plus en plus importants à cause de l’augmentation des patients, des besoins des familles, de l’exiguité des logements et des exigences des soins au fur et à mesure que la maladie progresse vers la phase terminale.
10. Les SP doivent être fournis conformément aux principes de la couverture maladie universelle. Toutes les personnes, sans discrimination, doivent avoir accès à des ensembles déterminés- Hopital-clinique-Dispensaire (santé publique) et SP- à l'échelle nationale : promotion de santé de base, prévention, diagnostic efficace, traitements, éducation thérapeutique, correction des troubles cognitifs et réadaptation. Les médicaments doivent être abordables, efficaces et de bonne qualité. L'utilisation de ces services ne doit pas conduire à des difficultés financières, en particulier chez les personnes et les populations pauvres vivant dans des situations vulnérables.
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11. Différents modèles de mise en oeuvre des soins palliatifs existent.
Les facteurs de succès sont: une approche multidisciplinaire et multisectorielle, adaptation au contexte socio-culturel, économique spécifique, intégration dans les systèmes de santé existants, intégration des associations de malades en mettant l'accent sur les soins de santé primaires, les soins communautaires et à domicile. Dans des contextes de ressources limitées, où le nombre de personnes nécessitant des soins est élevé et le nombre d'infirmières et de médecins pour assurer que les soins est faible, une approche réussie est la prestation de soins par les aidants communautaires formés ou les bénévoles qui sont supervisés par des professionnels de la santé.
LES DÉFIS DE LA PRESTATION DES SOINS PALLIATIFS
12. Dans le monde entier, les soins palliatifs doivent surmonter des obstacles importants: Manque de financements : les politiques de santé dans de nombreux pays ne répondent pas adéquatement aux besoins en matière de soins palliatifs.
Manque de Formations
Beaucoup de soignants ne connaissent pas l’utilité des SP
Beaucoup de patients ne connaissent pas l’utilité des SP
Les recherches et les formations sont souvent limitées ou inexistantes.
L'accès aux analgésiques opioïdes est difficile à assurer.
Une étude récente sur l'état des soins palliatifs dans 234 pays, régions ou territoires note que les SP sont bien intégrés dans les systèmes de soins de santé dans seulement 20 d'entre eux; 42% n'ont pas de système de prestation de services de soins palliatifs et, dans 32% la prestation de services atteint seulement un petit pourcentage des population.
Environ 80% de la population mondiale n'a pas un accès adéquat aux médicaments nécessaires pour les soins palliatifs.
En 2010, l'Organisme international de contrôle des stupéfiants estime que les niveaux de consommation d'analgésiques opioïdes étaient "insuffisants" dans 21 pays et "très insuffisant" dans plus de 100 pays.
En 2011, l'OMS estime que chaque année 5,5 millions de patients atteints de cancer à un stade avancé et 1 million de patients atteints du VIH / sida éprouvent de la douleur modérée à sévère en phase terminale, mais n'ont pas accès à un traitement adéquat de la douleur.
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Des processus de recherche et d'évaluation sont nécessaires pour assurer la qualité des soins palliatifs et l'utilisation sécuritaire des médicaments comme les opioïdes.
13. Les autres obstacles incluent un manque de prise de conscience de la nécessité impérieuse de disposer de soins palliatifs : politiques gouvernementales insuffisantes (manque d’argent), soignants ne connaissant pas l’existence et / ou l’utilité des SP, mises en oeuvre difficile (difficultés ethniques, religieuses, administratives) et amélioration de la prestation des soins palliatifs existantes.
Dans de nombreux pays : un manque de financement des SP par le secteur économique privé, les contraintes financières du système de santé pour faire fonctionner un service de SP, un manque de connaissances des soins palliatifs dans la population comme chez les différentes catégories de soignants, une rétention des malades dans les services, une disponibilité médicale limitée, l'accessibilité difficile aux analgésiques opioïdes (notamment sous forme orale) et d'autres médicaments essentiels des soins palliatifs , idées fausses sur les soins palliatifs et l’inexistence de réseaux associatifs et de bénévoles formés pour cette mission.
Les barrières sociales et culturelles (telles que les croyances sur la mort) et la difficulté à assurer des processus décisionnels éthiques dans les conditions de vie en danger ont également un impact important sur l'accès aux soins palliatifs.
RÉPONSE DE L'OMS ET D'AUTRES ORGANISATIONS DANS LE SYSTÈME DES NATIONS UNIES
14. Les conventions des Nations Unies sur le contrôle international des drogues reconnaissent la nécessité d'utiliser des substances placées sous contrôle international à des fins médicales et scientifiques. Dans son préambule, la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 reconnaît explicitement que «l'usage médical des stupéfiants demeure indispensable pour soulager la douleur et la souffrance et que des mesures adéquates doivent être faits pour assurer la disponibilité de stupéfiants à ces fins ".
L'OMS collabore avec la Commission des stupéfiants de l'Organisme international de contrôle, qui surveille et prend en charge la conformité avec les dispositions des conventions des États membres du Conseil Economique et Social des Nations Unies et, et pour améliorer l'accès à ces médicaments à des fins médicales.
15. L'Assemblée mondiale de la Santé dans la résolution WHA55. ( Assurer Accessibilité aux médicaments essentiels) a appelé pour l'accès aux médicaments et à la résolution WHA58. (Prévention et lutte contre le cancer) cite explicitement les soins palliatifs. En outre, en 2010, la Commission des stupéfiants, dans sa résolution 53/4 (Promotion de la disponibilité suffisante de drogues licites placées sous contrôle international à des fins médicales et scientifiques tout en empêchant leur détournement et de l'abus), entre autres appuyé la recommandation de l'Organisme international de contrôle des stupéfiants pour les gouvernements de promouvoir l'accès et l'utilisation rationnelle des stupéfiants et des
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substances psychotropes, tout en empêchant leur détournement et leur abus. La Commission de contrôle a exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation au sujet de l'accès disparate et insuffisant dans le monde entier de substances contrôlées à des fins médicales et scientifiques, et a fait une série de recommandations aux pays pour redresser cette situation.
16. En 2011, l'OMS a publié la nouvelle édition de son guide pour l'évaluation de la disponibilité et l'accès aux médicaments contrôlés dans les États membres.
En 2012, l'Organisation des Nations Unies a publié des orientations préparées par le Conseil international de contrôle des stupéfiants et l'OMS aux pays sur la façon de calculer la quantité de médicaments sous contrôle nécessaires pour répondre aux besoins réels, afin d'obtenir les licences. Après avoir étudié la possibilité de fournir un soutien aux pays pour améliorer l'accès aux analgésiques opioïdes, l'OMS a créé le Programme d'accès aux médicaments sous contrôle, en consultation avec la Commission de contrôle, dans le but d'élargir l'accès médical légitime de tous les médicaments contrôlés dans le cadre des conventions sur les drogues. Le but est d’accroître l'utilisation responsable des médicaments pour lutter contre les douleurs.
En 2012 l'OMS a publié des lignes directrices sur le traitement pharmacologique de la douleur persistante chez les enfants atteints de maladies, qui comprennent le soulagement de la douleur en soins palliatifs.
17. Tant la 18e édition de la liste - modèle OMS des médicaments essentiels que la 4ème liste- modèle OMS des médicaments essentiels pour les enfants (tous deux publiés en 2013) comprend des sections sur les médicaments pour lutter contre les douleurs et les soins palliatifs afin de souligner que l'application et à faire en sorte que tous les médicaments nécessaires pour les soins palliatifs optimaux soient disponibles et abordables aux personnes dans le besoin, en conformité avec le concept de médicaments essentiels. Ces listes comprennent les médicaments pour divers symptômes communs tels que l'anorexie, les nausées, la constipation, la diarrhée et les douleurs….
18. Le plan d'action mondial de l'OMS pour la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles 2013-2020, qui a été approuvé par l'Assemblée de la Santé dans la résolution WHA66.10 mai 2013, comprend les soins palliatifs parmi les options proposées aux États membres et dans son cadre de suivi.
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APPROCHE DE SANTÉ PUBLIQUE
19. Le Secrétariat a identifié la formulation et la mise en oeuvre des politiques comme essentiels pour le développement des soins palliatifs dans une approche de santé publique:
(A) les systèmes de santé : doivent assurer l'intégration des services de soins palliatifs dans la structure et le financement des systèmes de soins de santé nationaux et à tous les niveaux de soins;
(B) Les ressources humaines : l'éducation, la formation des professionnels des soins de santé, de bénévoles, des associations de malades afin de garantir des réponses adaptées aux besoins de soins palliatifs.
(C) La politique du médicaments : assurer la disponibilité des médicaments essentiels pour le traitement des symptômes, y compris les douleurs et, en particulier, les analgésiques opioïdes pour soulager la douleur et la détresse respiratoire et enfin savoir prendre en charge la détresse psychologique.
(D) La recherche : évaluation des besoins et de la qualité des soins en soins palliatifs.Définir des normes et de nouveaux modèles de service de SP en particulier dans les pays à ressources financières limitées.
ACTION AU NIVEAU NATIONAL POUR RENFORCER LES SOINS PALLIATIFS
20. Actuellement, beaucoup de services et d'organisations professionnelles pour fournir des soins palliatifs sont déjà à la portée de certains pays, y compris ceux dont les revenus financiers sont faibles et/ intermédiaires.
Les actions qui peuvent soutenir l'extension et le renforcement des services de soins palliatifs à l'échelle du pays sont les suivants:
(A) la formulation et la mise en oeuvre des politiques nationales qui intègrent, à tous les niveaux, des services de soins palliatifs fondées sur des preuves dans le continuum de soins, des prises en charge précises et suivies pour les patients souffrant de pathologies chroniques cancéreuse ou non, en mettant l'accent sur les soins primaires, les soins communautaires et les soins à domicile;
(B) promotion de soins palliatifs dans les efforts visant à promouvoir la couverture maladie universelle et les politiques de médicaments essentiels, sur la base des résultats de l'évaluation et l'amélioration de la qualité et la sécurité des soins palliatifs;
(C) la mise en oeuvre et le suivi des recommandations dans le plan d'action mondial de l'OMS pour la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles 2013-2020 et
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assurant leur intégration dans la couverture universelle et les médicaments essentiels régimes;
(D) veiller à ce que la formation et l’éducation sur les soins palliatifs (y compris les aspects éthiques) soient offerts aux étudiants des écoles de médecine et de soins infirmiers de premier cycle et aux soignants à tous les niveaux et dans toutes les disciplines, conformément à leurs rôles et leurs responsabilités dans le cadre du développement des ressources humaines;
(E) assurer un accès adéquat aux médicaments contrôlés tout en minimisant les possibilités de détournement et d'abus en alignant les réglementations nationales et locales avec les conseils de l'OMS dans les politiques nationales de substances réglementées;
(F) assurer l'accès à tous les aspects des soins palliatifs (soutien médical de base et le soutien psychosocial et spirituel aux patients et aux familles), sous la supervision de professionnels qualifiés de soins de santé et des bénévoles formés.
(G) l'élaboration d'orientations éthiques liés à la prestation de soins palliatifs, dans des domaines tels que l'accès équitable, respectueux des soins et de la participation communautaire dans les politiques et programmes.
(H) travailler en partenariat avec les différents secteurs pour promouvoir la recherche opérationnelle dans les soins palliatifs, y compris l'élaboration de modèles de rapport coût-efficacité de ces soins.
Toutes ces mesures, combinées à l'engagement de responsables sérieux, sont considérées comme nécessaires et efficaces pour les soins palliatifs.
ACTION PAR LE CONSEIL EXECUTIF
21. Le Conseil est invité à prendre note du présent rapport

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