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Thursday, June 19, 2014

Les β-bloquants réduiraient la mortalité spécifique du cancer évolué de la prostate

Le pouvoir des β-bloquants (BB) d’inhiber le développement de mélanomes, de cancers du sein, de l’ovaire et de la prostate (KP) a été démontré chez certains animaux. La même tendance a été mise en évidence chez l’homme, mais avec un possible biais, car les malades sous BB prennent aussi volontiers des statines et des antiagrégants (acide acétyl salicylique ou AAS).
Cette étude norvégienne a pris pour base sur un vaste registre national dans lequel étaient inclus 24 571 hommes porteurs de KP diagnostiqués entre 2004 et 2009, qui a été couplé avec les registres de prescriptions médicamenteuses (BB, statines et AAS, mais aussi anti-androgènes, radiothérapie, chimiothérapie) et avec des registres de mortalité mentionnant la cause de celle-ci. Après exclusion des KP à bas risque, des suivis insuffisants, des traitements par BB initiés après le diagnostic de KP, et des informations manquantes, les auteurs ont conservé 3 561 hommes dans l’étude.
Sur ces 3 561 patients, 1 115 (31 %) ont pris des BB (surtout des β1-bloquants) à la fois avant et après le diagnostic de KP. Ce groupe (GBB) a été comparé avec les 2 446 KP ne prenant pas de BB (GNBB). Les malades du GBB étaient plus âgés et prenaient plus souvent des statines ou de l’AAS que ceux du GNBB.
Surtout, on a constaté une moindre mortalité spécifique liée au KP dans le GBB avec un recul moyen de 3 ans, ladite mortalité étant affectée d’un coefficient de 0,79 par rapport au GNBB. Ceci est d’autant plus remarquable que l’utilisation de BB, loin de la freiner, augmente la mortalité par autres causes des malades porteurs de KP évolués. En ce qui concerne l’amélioration de la mortalité spécifique, elle semble d’autant plus marquée que la durée de prescription était plus longue, et qu’il s’agissait de β1-bloquants. Mais 72 % des malades prenant des BB recevaient aussi des statines ou de l’AAS. Chacune de ces thérapeutiques, donnée séparément réduisait aussi la mortalité spécifique par KP, mais on n’a pas observé d’effet cumulé des 3 catégories de médicaments et la réduction observée après prise de BB s’est avérée indépendante de la prise de statines ou d’AAS.
En conclusion, la prise de β-bloquants paraît associée à une réduction de la mortalité spécifique liée au cancer de la prostate lorsque celui-ci est vu à un stade évolué, voire métastatique.
Dr Jean-Fred Warlin
Références
Grytli HH et coll. : Association between use of β-blockers and prostate cancer-specific survival : a cohort study of 3561 prostate cancer patients with high-risk or metastatic disease.

Eur Urol., 2014; 65: 635-641.

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