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Tuesday, June 3, 2014

Hochements de tête et regard soutenu…
Par Jean-Louis Pujol (CHU et Laboratoire Epsylon EA 4556)
Article commenté :
Nonverbal communication and conversational contribution in breast cancer genetic counseling : are counselors' nonverbal communication and conversational contribution associated with counselees' satisfaction, needs fulfillment and state anxiety in breast cancer genetic counseling?
Dijkstra H, Albada A, Klöckner Cronauer C et al.
Patient Educ Couns. 2013 ; 93(2):216-23.


La consultation en cancérologie est un événement de communication à hautes tensions. L’un des cadres les plus formalisés du colloque soignant-soigné en cancérologie est le conseil génétique.
C’est le prototype de ce que la communication doit être : une information claire, loyale, appropriée, délivrée par un conseiller (une conseillère) à une personne conseillée. L’objectif devrait être l’acquisition, au cours des entretiens, d’un niveau de connaissance permettant à la personne conseillée de participer aux décisions. 
 
De nombreuses études se sont penchées sur le contenu formel de ces consultations. Dans cet article, les auteurs ont analysé l’effet de la communication non verbale et la domination verbale des conseillers sur le degré d’anxiété et la satisfaction des besoins d’information de la personne conseillée.
La communication non verbale est appréciée au moyen d’enregistrements vidéogrammes : les hochements de tête, les regards soutenus aux patientes sont considérés comme des invitations à s’exprimer. A l’inverse, la domination verbale, c’est-à-dire la supériorité numérique des énoncés, exercée par le conseiller est, quant à elle, supposée réduire l’espace laissé à la personne conseillée pour s’exprimer. 
Paradoxalement, les encouragements non verbaux du conseiller augmentaient l’anxiété de la personne conseillée. Ce n’est contradictoire qu’en apparence car il faut sans doute inverser la cause et l’effet.
Ce ne serait pas la communication non verbale qui augmenterait l’anxiété de la personne conseillée mais, au contraire, la perception par le conseiller en cours d’entretien, d’une anxiété du sujet qui induirait une forte invitation non verbale à s’exprimer. Quoi qu’il en soit, la domination verbale du conseiller fait obstacle à la satisfaction des besoins de communication et augmente l’anxiété.
 
L’article conclut sur la nécessité de s’adapter à la subjectivité du patient, et incite à se référer à ses propres représentations, ce qui n’est possible qu’en facilitant le dialogue. En clair, il nous faut écouter plus et parler moins !

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