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Tuesday, November 18, 2014

Troubles du sommeil des personnes âgées et un risque suicidaire accru

Les personnes âgées souffrent souvent de troubles du sommeil et ont, par ailleurs, des taux de mortalité par suicide « sans commune mesure » avec ceux rencontrés aux autres âges. Comme il est tentant de se demander alors si ces deux phénomènes sont liés ou non, une étude longitudinale de cohorte (réalisée aux États-Unis) compare, la qualité du sommeil chez 20 sujets décédés par suicide et chez 400 sujets-contrôles (appariés pour l’âge, le sexe et le site géographique). Objectif de cette recherche, menée sur une période de dix ans chez des sujets de 66 à 90 ans (âge moyen, 74,9 ans ± 5,6 ans) : préciser si les troubles du sommeil constituent par eux-mêmes un autre facteur de risque de comportement suicidaire, indépendamment d’un contexte dépressif.
Les résultats de cette étude montrent effectivement qu’une « mauvaise qualité du sommeil » (évaluée subjectivement à travers les items de l’échelle Sleep Quality Index, SQI)  se trouve « associée à une augmentation du risque ultérieur de mort par suicide » : Odds Ratio [OR]  = 1,39 ; intervalle de confiance à 95 % [IC 95] : 1,14–1,69] ; p < 0,001. En outre, cette association significative persiste même après ajustement pour un évident facteur confondant, la symptomatologie dépressive. Deux critères relatifs à la mauvaise qualité du sommeil sont « individuellement associés » à cette élévation du risque suicidaire dans la décennie : la difficulté à s’endormir (OR = 2,24 ; IC 95 : 1,27–3,93 ; p < 0,01) et un sommeil non réparateur (OR = 2,17 ; IC 95 : 1,28–3,67 ; p < 0,01). Et même après contrôle d’une problématique dépressive, la mauvaise qualité du sommeil auto-déclarée demeure associée à une augmentation du risque de mort par suicide : OR = 1,30 ; IC 95 : 1,04–1,63 ; p < 0,05.
« Ô mort, où est ta victoire ? » s’interroge le Nouveau Testament. Si les rapports entre le sommeil et la mort remontent à l’origine de l’humanité, cette étude semble confirmer la valeur cynique de l’aphorisme de Chamfort, croyant déceler cette prétendue victoire dans une douteuse « thérapeutique » : « Vivre  est une maladie dont le sommeil nous soulage  toutes les seize heures, c’est un palliatif ; la mort est le remède. »
Dr Alain Cohen
Références
Bernert RA et coll.: Association of poor subjective sleep quality with risk for death by suicide during a 10-year period : a longitudinal, population-based study of late life. JAMA Psychiatry,. 2014 ; 71: 1129-37.doi:10.1001/jamapsychiatry.2014.1126

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