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Friday, November 14, 2014

Du nouveau en deuxième ligne pour les cancers bronchiques non à petites cellules

De nombreux patients atteints d’un cancer du poumon sont diagnostiqués à un stade avancé de leur maladie et relèvent d’une chimiothérapie. Les traitements de référence en première ligne du cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) comportent du platine, mais les options en deuxième ligne sont moins bien définies.
En effet, l’efficacité des molécules anticancéreuses indiquées à ce stade (docétaxel, pemetrexed ou erlonitib) reste modeste, avec une médiane de survie n’excédant pas 8 mois. Une étude de phase 3, la LUME-Lung study, a évalué l’efficacité et la tolérance du nintedanib, thérapeutique ciblée anti-angiogénique, associé au docétaxel en deuxième ligne dans le CBNPC. Le nintedanib cible différents récepteurs des facteurs de croissance, notamment le récepteur du facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGF-R), le récepteur du facteur de croissance du fibroblaste (FGF-R) et le récepteur du facteur de croissance dérivé des plaquettes (PDGF-R).
Les patients inclus, provenant de 211 centres dans 27 pays, oavaient un CBNPC de stade IIIB/IV en progression après une première ligne de chimiothérapie. Ils ont été tirés au sort pour recevoir du docétaxel (75 mg/m² en perfusion intraveineuse à J1), et soit, le nintedanib 200 mg par voie orale deux fois par jour, soit un placebo, de J2 à J21. Ce traitement a été administré toutes les 3 semaines jusqu'à la survenue d’effets indésirables inacceptables ou en cas de progression de la maladie.
L’essai s’est déroulé en double aveugle. Le critère d'évaluation principal était la survie sans progression, analysée en intention de traiter, et le critère secondaire, la survie globale.
Entre décembre 2008 et  février 2011, 655 patients ont été traités par le docétaxel associé au nintedanib, et 659 par docétaxel et placebo. L'analyse principale a été réalisée après un suivi médian de 7,1 mois. Il en ressort que la survie sans progression est améliorée de façon significative dans le groupe nintedanib par rapport au groupe placebo (médiane 3, 4 vs 2,7 mois ;  hazard ratio [HR] de 0,79 ; p = 0,0019). Chez  les patients atteints d'un adénocarcinome, la survie globale est également améliorée dans le groupe nintedanib par rapport au groupe placebo: la médiane de survie est de 12,6 mois dans le groupe nintedanib (n = 322) contre 10,3 mois dans le groupe placebo (n =336) (p = 0,0359). En revanche, si l’on considère la population dans son ensemble, la survie globale n’est pas modifiée par le nintedanib : de 10,1 mois dans le groupe traité et de 9, 1 mois dans le groupe placebo (p = 0,2720). La réponse au traitement en fonction de la présence de mutation de différents gènes (EGFR, KRAS . . .) n’a pas pu être évaluée, les tests moléculaires n’étant pas fait systématiquement à l’époque de l’étude.
Les effets indésirables sont un peu plus fréquents dans le groupe nintedanib, essentiellement d’ordre digestif (diarrhée [6,6 % par rapport à 2,6 %] et augmentation réversible des transaminases).
Le nintedanib, en association avec le docétaxel, pourrait constituer une option thérapeutique intéressante en deuxième ligne chez  les patients porteurs d’un CBNPC, en particulier pour les adénocarcinomes. Les autres essais actuellement en cours permettront de préciser la place de ces thérapeutiques anti-angiogéniques en seconde ligne.
Dr Béatrice Jourdain
Références
Reck M et coll.: Docetaxel plus nintedanib versus docetaxel plus placebo in patients with previously treated non-small-cell lung cancer (LUME-Lung 1): a phase 3, double-blind, randomized controlled trial. Lancet Oncol 2014 ; 15: 143–55.

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