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Sunday, February 16, 2014

L’euthanasie pour les mineurs: c'est bientôt en Belgique

Bruxelles, le mercredi 12 février 2014 –

 Si les Pays-Bas autorisent l’euthanasie des mineurs à partir de l’âge de 12 ans, la Belgique a exclu cette possibilité lors de l’adoption en 2002 de sa loi légalisant cette pratique. Il y a un an, le sénateur socialiste Philippe Mahoux décidait de rouvrir le débat en déposant une proposition de loi afin que « s’ils sont capables de discernement, atteints d’une maladie incurable et d’une souffrance inapaisable », les mineurs puissent demander à être euthanasiés.

Euthanasies clandestines

Les débats ont été très longs et parfois houleux même si le quotidien le Soir a assuré qu’ils avaient « échappé à l’affrontement (…) différant en cela de l’affrontement meurtrier sur ces thèmes de la société française » ! Les défenseurs de l’élargissement de la loi semblaient soutenus par l’opinion publique. Un sondage réalisé en octobre a en effet mis en évidence que 74 % des Belges se déclaraient favorables à une loi « autorisant l’euthanasie de mineurs souffrant de maladie incurable et ne pouvant exprimer leur consentent » (soit un libellé allant plus loin que le texte discuté). Par ailleurs, certains spécialistes de soins palliatifs pédiatriques entendus par les parlementaires mirent en avant le fait que l’euthanasie était déjà pratiquée chez les mineurs « en dehors de tout cadre légal ».

Un enfant veut-il vraiment mourir ou plus sûrement ne plus souffrir ?

Néanmoins, la communauté médicale est apparue divisée. De nombreux pédiatres sont ainsi montés au créneau pour s’inquiéter d’une telle loi. Trente neuf praticiens ont notamment adressé une lettre ouverte aux élus fin janvier affirmant qu’une « demande d’euthanasie pour un mineur, qu’elle soit spontanée ou mûrement réfléchie ne se présente jamais dans la pratique ». Beaucoup ont en effet fait valoir qu’il était difficile de déterminer dans quelle mesure l’enfant exprimait un véritable désir de mort ou plus certainement le souhait de ne plus souffrir et de ne plus voir souffrir ses parents.

La rédaction de la loi en question

Les critiques ont également été nombreuses, en particulier émanant de l’opposition, en ce qui concerne la rédaction du texte. Les discussions ont ainsi été les plus intenses sur le point de savoir s’il fallait déterminer ou non un âge à partir duquel l’euthanasie pouvait être pratiquée. Finalement, le libellé retient la notion de mineurs « capables de discernement ». C’est à un psychiatre ou un psychologue que reviendra le soin de déterminer si l’enfant est effectivement « capable de discernement » et en particulier s’il mesure les conséquences de sa demande. Cette dernière ne pourra par ailleurs être appréciée qu’en cas d’accord des parents. Sur ces derniers points également, les interrogations sont nombreuses. « Que se passera-t-il si les parents ne sont pas d'accord entre eux ou si le psychiatre estime que l'enfant n'a pas la capacité de comprendre la situation » observe ainsi
Christian Brotcorne chef du groupe centriste francophone, qui redoute une « judiciarisation » de situations extrêmement difficiles.

Le vrai scandale c’est la mort

Ces différentes objections ainsi que la désapprobation de toutes les communautés religieuses du pays ne devraient pas empêcher l’adoption définitive du texte ce jeudi 13 février après les votes favorables du Sénat et de la commission de la Justice de la Chambre. Selon l’auteur de la loi, Philippe Mahoux, son projet de loi se veut « humaniste ». « Il s’agit de prendre en compte la souffrance des patients » quel que soit leur âge. « Ce qui est scandaleux, c’est la maladie et la mort des enfants, pas l’euthanasie » a-t-il souligné.


Aurélie Haroche

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