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Monday, September 30, 2013

Intérêt pronostique de l’invasion de la musculaire muqueuse dans les tumeurs de vessie n’envahissant pas le muscle
Par François-Xavier Vinceneux (CHU de Tours)
Article commenté :
Prognostic interestin discriminating Muscularis Mucosa invasion (T1a vs T1b) in nonmuscle invasive bladder carcinoma: French national multicenter study with central pathology review
Roupret M, Seisen T, Compérat E et al.
J. Urol. 2013 ; 189 :2069-76


La musculaire muqueuse est une couche de muscle lisse dans l’épaisseur du chorion de la vessie, dont l’envahissement aurait une valeur pronostique.
Une étude multicentrique rétrospective a évalué sur une large population, l’intérêt pronostique de l’envahissement de la musculaire muqueuse des tumeurs de vessie classées pT1, avec une analyse centralisée de tous les prélèvements anatomopathologiques.

Cette étude a été réalisée dans 6 centres français. Les patients inclus ont été opérés entre 1994 et 2010 d’une résection trans-urétrale de vessie (RTUV) pour une tumeur de vessie classée pT1 par l’anatomopathologiste du centre. Ils devaient avoir reçu un traitement d’induction par instillations de BCG endovésical, suivi d’un traitement d’entretien pendant un an. Le suivi devait comporter cystoscopie et cytologie urinaire selon les recommandations de l’European Association of Urology (EAU).
Quatre patients ont été exclus de l’évaluation car il a été réalisé une cystectomie juste après le diagnostic.
 
Les copeaux de RTUV ont d’abord été analysés dans les centres de prélèvement puis envoyés pour relecture centralisée par le référent. Les prélèvements étaient alors classés en sous-stades : T1a s’il existait un envahissement superficiel jusqu’à la musculaire muqueuse et T1b si l’envahissement du chorion dépassait la musculaire muqueuse.
Vingt et un patients ont été exclus de l’analyse car le centre référent ne pouvait stadifier les prélèvements.
Cette étude évaluait l’impact de la sous-stadification de pT1 en pT1a ou b, sur la survie spécifique, la survie sans progression et la survie sans récidive.
Au total 587 dossiers ont été analysés : il y avait 66% de pT1a et 34% de pT1b. La médiane de suivi était de 35 mois.

Trois cent trente-huit patients ont eu une récidive (58% de l’ensemble des patients étudiés) avec une médiane de survenue à 8,5 mois. A 5 ans, le taux de patient sans récidive était plus important dans le groupe pT1a que dans le groupe pT1b (32% contre 27%, p=0.04).
Il y a eu 133 progressions envahissant le muscle vésical (23%) avec une médiane de survenue de 15 mois. Il y a eu significativement plus de patients qui ont progressé dans le groupe pT1b que dans le groupe pT1a (p=0.004). Le taux de survie sans progression à 5 ans était plus important dans le groupe pT1a que dans le groupe pT1b (78% contre 59%, p< 0.0001).
Il existait aussi une meilleure survie spécifique dans le groupe pT1a par rapport au groupe pT1b (88% contre 85% de survie spécifique, p=0.02).
 
C’est la plus grande étude réalisée sur le sujet et il est bien démontré que le dépassement de la musculaire muqueuse par les tumeurs pT1 est un facteur pronostique à la fois sur la survie sans récidive, la survie sans progression et la survie spécifique.
Cependant en comparant avec les autres études, la sous-stadification en pT1a et pT1b ne semble pas consensuelle et la distinction de son envahissement semble difficile pour les anatomopathologistes avec un taux de fiabilité de 58 à 100% selon les auteurs.


Date de publication : 12-09-2013

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