Bons résultats carcinologiques du curage lymphatique sous vidéoscopie dans les mélanomes
Le curage lymphatique est souhaitable pour les mélanomes,
surtout d’épaisseur intermédiaire, lorsque la biopsie d’un ganglion
sentinelle est positive, car il améliore la survie spécifique.
Cependant, il n’est pratiqué que dans 1 cas sur 2, du fait,
semble-t-il des complications pariétales auxquelles il donne lieu
lorsqu’effectué par voie ouverte (VO) : déhiscence de la plaie,
infection, nécrose. Sa pratique sous vidéoscopie (CIV) à 3 trocarts
permettrait d’améliorer la situation en autorisant le prélèvement
d’un nombre équivalent de ganglions avec des suites immédiates plus
simples. Mais qu’en est-il des résultats carcinologiques ? Les
auteurs ont comparé les résultats à 2 ans des opérés sous CIV
(2008-2012) avec ceux de malades opérés par VO et par le même
chirurgien (2005-2012), pour des mélanomes avec métastases
ganglionnaires inguinales (suspectées sur la biopsie du ganglion
sentinelle positive ou les résultats de l’aspiration à l’aiguille
fine de ganglions palpables).
Tous les patients ont été inclus, y compris ceux qui ont subi
simultanément un curage pelvien (toujours par VO) et ceux dont la
voie d’abord a été convertie (classés CIV en intention de traiter).
Ils ont eu le choix éclairé de leur voie d’abord. Seuls les malades
VO ont eu une transposition d’un lambeau du muscle couturier. Les
malades sont sortis en règle à J1 avec un drain, dont le débit
ralenti a autorisé l’ablation.
Les 2 cohortes comparées, de 40 malades chacune, étaient
similaires en termes d’âge, sex ratio, ethnie, obésité, tabagisme,
etc. Il en était de même pour la localisation du mélanome (80 % au
niveau des membres inférieurs), son épaisseur (indice de Breslow de
3 mm en moyenne), la présence à son niveau d’une ulcération (plus
de la moitié), ou les images de mitose. Quatre cas de CIV (10 %)
ont dû être convertis (déhiscence lors de l’insufflation,
difficultés anatomiques, hypercapnie). Le nombre de ganglions
prélevés (13 en moyenne) a été le même par les 2 voies d’abord,
mais on a trouvé davantage de ganglions sentinelles positifs par
CIV, alors que le nombre d’adénopathies envahies s’est avéré voisin
par les deux méthodes. La durée de conservation du drain et celle
du séjour ont aussi été comparables.
En revanche, le taux des complications, notamment infection ou
nécrose, a été significativement abaissé sous CIV (47 vs 80
%).
A long terme (recul moyen de 19 mois pour la CIV et de 34 mois
pour la VO), on constate une équivalence de la survie moyenne et de
la survie spécifique. De même, les taux de récidives (27 et 30 %)
sont du même ordre, quel que soit le site de ladite récidive.
Avec de meilleures suites immédiates et un pronostic lointain
similaire, le curage inguinal sous vidéoscopie paraît être la
méthode de choix.
Dr Jean-Fred Warlin
No comments:
Post a Comment