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Thursday, January 30, 2014


Le coût économique du cancer dans les pays de l’Union européenne
  Par Morgan Rouprêt (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, APHP)
Article commenté :
Economic burden of cancer across the European Union: a population-based cost analysis.
Luengo-Fernandez R, Leal J, Gray A, Sullivan R.
Lancet Oncol. 2013 ; 14(12):1165-74


Une étude intéressante a été publiée récemment dans le Lancet Oncology concernant l’impact médico-économique des cancers dans les pays de l’Union européenne. Au moment où le monde occidental connaît une crise économique sans précédent, cela n’est pas sans répercussion sur les politiques de santé, quels que soient les systèmes de santé mis en place dans chacun des Etats du continent européen.

Le but de cette étude était d’estimer plus spécifiquement l’impact économique de la prise en charge du cancer du poumon, du cancer colorectal et du cancer de la prostate attribuable en 2009 à chacune de ces tumeurs dans le coût global du cancer. L’idée étant de proposer aux lecteurs une meilleure compréhension de la prise en charge de ces maladies et d’améliorer ainsi les politiques de santé publique.
Les auteurs ont donc analysé les coûts réels constatés à partir des sources nationales en utilisant une méthode identique pour chacun des Etats (statistiques nationales et internationales). Les critères évalués étaient ceux des coûts : liés aux soins (transports, en hospitalisation, en ambulatoire, urgence…), liés à la perte de productivité (décès précoce par cancer, perte de revenus, perte d’emploi définitif, arrêt de travail) et informels (loisirs…).
 
Ainsi le coût global dans les 27 pays européens, tout cancer confondu, a été en 2009 de 126 milliards d’euros avec la répartition suivante : 
- soins (51 milliards d’€), 
-perte de productivité (52 milliards d’€) et
- informels (23 milliards d’€).
 
 La variation d’un pays à l’autre était conséquente avec aux deux extrêmes : 16€/hab. en Bulgarie à 184€/hab. au Luxembourg. La France était 9ème avec 102€/hab. dépensé.
 
L’hospitalisation des malades représentait un poste important de dépense avec 56% des coûts liés aux soins en UE mais avec une variation conséquente en fonction des pays. Le cancer de la prostate a coûté 8 milliards d’€ en 2009 soit 7% des dépenses contre 15 milliards d’€ pour le sein (12%) et 13 milliards d’€ pour le colorectal (10%). En comparaison, en 2008 aux Etats-Unis d’Amérique, le coût du cancer avait été de 157 milliards d’€ sans considérer les coûts liés à la perte de productivité.
 
Ces chiffres astronomiques sont édifiants car les sommes engagées sont conséquentes et vont croissantes en fonction du degré de développement médical de chaque nation. Au Royaume-Uni, en Belgique, les politiques de santé sont désormais orientées vers une « rentabilité acceptable » des molécules et des coûts du cancer en introduisant des indices comme le QALY. Cet indice évalue le rapport entre le coût du traitement du cancer et son apport en termes de qualité et d’espérance de vie. Si cet indice est jugé défavorable, c’est-à-dire si le traitement est trop onéreux pour la société au regard du bénéfice qu’il est susceptible de procurer, alors il n’est pas remboursé.

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