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Saturday, May 18, 2013

Prise en charge de l’anémie en fin de vie


Prise en charge de l’anémie en fin de vie
AuteurJocelyne Provençal[*] 

Oncologue Médicale
Introduction

Complication habituelle chez le patient cancéreux, surtout en phase avancée, manifestation prépondérante de certaines maladies hématologiques, l’anémie est définie comme une diminution du taux d’hémoglobine (Hb) en dessous de 11 g/dL (échelle OMS) ou 12 g/dL (échelle EORTC).
Mécanismes
2 Anémie multifactorielle.
Rôle de la maladie cancéreuse
3
  • carence martiale par hémorragies distillantes chroniques ou carence d’apport (rare) ;
  • carence d’apport vitaminique nutritionnel (vitamine B12, folates) ;
  • syndrome inflammatoire ;
  • envahissement médullaire métastatique (sein, prostate...) ;
  • hémorragies aiguës ;
  • myélodysplasies, microangiopathies, anémies hémolytiques.
Rôle des traitements
4
  • chimiothérapie (jusqu’à 6 %, sels de platine +++), traitement préventif par Erythropoétine de synthèse (EPO) ;
  • radiothérapie (selon volume d’irradiation),
  • lésions digestives induites par AINS avec saignements occultes chroniques ;
  • insuffisance rénale chimio-induite et diminution de synthèse de l’Epo endogène.
Manifestations cliniques
5
  • asthénie +++ jusqu’à épuisement, fatigabilité rapide, diminution de concentration, diminution de capacité à mémoriser ;
  • tachycardie, dyspnée d’effort puis de repos, douleurs angineuses ;
  • vertiges, acouphènes, oscilloscopie, augmentation de la sensibilité au froid ;
  • irritabilité, humeur dépressive, tristesse, repli sur soi.
Traitement
6 Le Groupe de Réflexion sur l’Accompagnement et les Soins Palliatifs en Hématologie propose de transfuser à partir d’un seuil d’Hb de 8g/dL. En pratique, rejeter toute attitude systématique, l’indication dépend du retentissement subjectif de l’anémie. Il convient pourtant de distinguer le retentissement clinique tel que le perçoit le médecin (dyspnée) et l’altération réelle de la qualité de vie du patient. La symptomatologie fonctionnelle reste relativement reproductible permettant de déterminer le moment opportun de la transfusion. La finalité de la transfusion étant de participer au maintien d’un certain degré de qualité de vie, il convient d’en évaluer l’impact sur le patient. A l’inverse, peuvent également entrer en ligne de compte les inconvénients de la transfusion chez le patient poly-immunisé (surtout en hématologie), l’importance des réactions transfusionnelles et l’inefficacité qui parfois s’ensuit.
7 Il est habituel de transfuser en cas de lésions broncho-pulmonaires ou de patient à risque (insuffisance respiratoire chronique, coronaropathie, insuffisance cardiaque).
8 Produits sanguins labiles (PSL) utilisés :
  • concentrés de globules rouges déleucocytés : obligatoires pour tout patient ;
  • supplément phénotypé : si transfusions itératives (hématologie ++, souvent en routine) ;
  • supplément irradié : patient allogreffé (à vie), autogreffé, immuno déprimé.
Le traitement par EPO n’a guère de place chez un patient en fin de vie, sauf si son efficacité antérieure permettait une diminution des besoins transfusionnels en les espaçant. L’oxygénothérapie mérite d’être utilisée si elle est bien tolérée et améliore le patient.
Bibliographie
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1 Spaeth D. Anémie en cancerologie. Montrouge : J. Libbey Eurotext, 2001.
2 www.afssaps.sante.fr : Transfusion de globules rouges homologues : produits, indications, alternatives.
3 Audhuy B, Colombat P pour le Grasph. Soins palliatifs et accompagnement en hématologie. Ed Coprur, 2000.


Correspondance : Jocelyne Provençal, Centre hospitalier d’Annecy. Courriel : jprovencal@ch-annecy.fr

POUR CITER CET ARTICLE
Jocelyne Provençal « Prise en charge de l'anémie en fin de vie », Revue internationale de soins palliatifs 1/2006 (Vol. 21), p. 21-22. 

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