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Tuesday, April 14, 2015

PSYCHO-ONCOLOGIE

Annonce du cancer et vécu des médecins

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Par le Dr Jean-Pierre Mérel (CHU de Montpellier) 
Article commenté :
Quand perte de sens rime avec souffrance : analyse qualitative du vécu des médecins à l’annonce de mauvaises nouvelles en oncologie
A. Desauw, P. Antoine, S. Cattan, V. Christophe
Psycho-Oncologie (2015) 9 : 31-36


Cette étude vise à explorer l’expérience subjective des médecins confrontés à l’annonce de mauvaises nouvelles en cancérologie. Elle repose sur l’analyse qualitative (IPA : analyse qualitative phénoménologique) de la perception de 22 praticiens hospitaliers.
Son objectif est d’apporter des éléments de compréhension de l’expérience subjective des praticiens confrontés à l’annonce, en complément des rares études menées jusqu’à présent dans ce domaine.
 
L’analyse des données a permis de faire émerger une représentation commune des médecins pour qui l’annonce est synonyme d’absence de guérison et qui perçoivent leur rôle comme celui d’un messager porteur d’une nouvelle traumatisante, à l’origine d’une rupture dans la trajectoire de vie du patient.
Au-delà, des disparités apparaissent au niveau du sens qu’ils donnent à l’annonce et à leur rôle, faisant apparaître deux profils différents de médecins.
 
Les  premiers vivent l’annonce comme un non-sens au regard de leurs valeurs personnelles (sentiment d’injustice partagée avec le patient) et professionnelles (représentation de médecin « guérisseur »), et vivent l’annonce difficilement avec des objectifs peu réalistes. L’annonce est alors redoutée, perçue comme un échec, signe d’injustice et d’impuissance.
A l’opposé, les seconds parviennent à donner à l’annonce un sens acceptable. Ces praticiens se situent davantage dans le « prendre soin » (care) et dans l’accompagnement que dans le guérir (cure).
La perception qu’ils ont de leur rôle est autant psychosociale que biomédicale et ils trouvent une satisfaction dans leur travail autour de l’annonce. Celle-ci devient source d’intérêt (moment privilégié d’échange avec patient et proches, challenge professionnel). Ils redoutent moins l’annonce et paraissent mieux préservés que les premiers du sentiment d’épuisement professionnel.
 
Ces résultats apportent une nouvelle perspective dans la compréhension du vécu émotionnel des médecins confrontés à l’annonce de mauvaises nouvelles en cancérologie : au-delà de la complexité reconnue de l’annonce, c’est la représentation que le médecin se fait de son rôle, ainsi que le sens qu’il donne à l’annonce qui apparaissent comme les facteurs déterminants de son vécu émotionnel.
Date de publication : 14-04-2015

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