Translate

Thursday, December 4, 2014

Les cystectomies avec reconstruction de vessie ont doublé en France en 10 ans

Le cancer de la vessie est une tumeur fréquente de l’appareil urinaire. Plus de 10 000 cas sont diagnostiqués chaque année en France et il s’agit du 4ème cancer en terme de fréquence chez l’homme et du 9ème chez la femme. La cystectomie totale reste le traitement de référence du cancer infiltrant de la vessie. Une analyse des données de la base nationale française PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information) a été réalisée et présentée lors du congrès de l’AFU. Elle fournit des informations intéressantes sur l’évolution de la pratique de la cystectomie en France au cours de la dernière décennie.
Les auteurs ont recensé toutes les cystectomies pratiquées entre 2003 et 2013, en comparant l’incidence et les techniques utilisées sur deux périodes, les 5 premières années et les 5 années suivantes. Entre 2003 et 2013, 33 340 cystectomies totales ont été pratiquées en France. La fréquence annuelle n’est toutefois pas la même selon la période examinée, puisque 15 102 interventions ont eu lieu entre 2003 et 2008 (moyenne annuelle : 2 517) versus 18 238 entre 2009 et 2013 (moyenne annuelle : 3 648). Des évolutions se remarquent aussi dans la technique opératoire. Si les cystectomies de type Bricker restent largement majoritaires, constituant 72,9 % des procédures sur toute la période, le nombre des interventions avec reconstruction de vessie (néovessie) a presque doublé en 10 ans, passant d’une moyenne de 625 par an entre 2003 et 2008 à 1 061 par an dans la seconde période. Les auteurs de l’étude mettent ce doublement sur le compte de l’intérêt croissant que les urologues français portent à cette méthode et à leur meilleure formation pour la pratiquer.

La cystectomie reste toutefois une intervention lourde qui grève significativement la qualité de vie des patients. Il est alors légitime de s’interroger sur la morbidité et sur la survie dont elle est assortie chez les patients les plus âgés. Une étude réalisée sur 36 octogénaires ayant subi une cystectomie apporte des éléments de réponse.
Ces patients, âgés en moyenne de 83,2 ans et en majorité des hommes (3 hommes pour 1 femme), étaient atteints d’une tumeur de vessie infiltrante ou d’une tumeur non infiltrante, mais à très haut risque de progression. Leur score ASA préopératoire était ASA 2 pour 33 % d’entre eux, ASA 3 pour 54 % et ASA 4 pour 13 %.

La presque totalité des tumeurs étaient classée T2 ou T3 et de grade 3. Une cystectomie type Bricker a été réalisée chez plus de la moitié des patients, 36 % ont eu une urétérostomie cutanée et 9 % une reconstruction de vessie et il est relevé une mortalité péri-opératoire de 5,6 %. Les taux de complications à 30 jours et à 90 jours ne sont pas négligeables, de 30 % et 42 %, mais cette morbidité paraît toutefois acceptable puisque la survie globale à 1, 2 et 3 ans est de 63 %, 44 % et 40 % et la survie spécifique de 65 %, 52 % et 50 %. L’âge des patients n’apparaît donc pas comme un obstacle à la pratique de la cystectomie totale en cas de cancer vésical infiltrant.
Dr Roseline Péluchon
Références
Léon P et coll.: Évolution du nombre de cystectomies totales en France pour tumeur infiltrante de la vessie au cours des 10 dernières années : analyse objective des données nationales du PMSI.
El Mrini et coll. : Cystectomie totale chez les octogénaires.
108ème Congrès Français d'Urologie (Paris) : 19 - 22 novembre 2014.

No comments:

Post a Comment