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Thursday, December 4, 2014

Surveillance active du cancer de la prostate : au sujet de 116 patients

Une nouvelle option de prise en charge est désormais possible pour les cancers de la prostate à un stade précoce, c’est la surveillance active. Le dépistage plus intense des cancers de la prostate a en effet accru significativement le nombre de ces cancers découverts précocement, provoquant une augmentation préoccupante du risque de surtraitement. Dans le même temps, une meilleure connaissance de l’évolution naturelle du cancer de la prostate a permis d’identifier des formes à faible risque évolutif qui peuvent désormais bénéficier de la surveillance active, avec traitement différé à un stade potentiellement curable.

Le protocole de surveillance active est destiné aux patients ayant un pronostic favorable (PSA < 10 ng/ml, score de Gleason < 6 et T1-T2) ; les modalités de surveillance étant essentiellement le monitoring du PSA et la répétition des biopsies prostatiques. Dans l’étude internationale de cohorte, dénommée PRIAS (The Prostate cancer Research International : Activ Surveillance study), les critères d’inclusion pour faire bénéficier le patient d’une surveillance active, étaient : un PSA initial ≤ 10 ng/ml, la densité du PSA < 0,2, un score de Gleason biopsique ≤ 3+3 – 6, une ou deux carottes biopsiques positives. Le protocole de surveillance comportait un dosage de PSA tous les 3 mois pendant 2 ans puis tous les 6 mois, un toucher rectal (TR) tous les 6 mois, une biopsie de contrôle à 1 an puis tous les 3 ans.
Les résultats d’une étude menée selon ces protocoles d’inclusion et de suivi ont été présentés au Congrès de l’Association Française d’Urologie. Au total 116 patients, de 64,7 ans d’âge médian, ont été inclus entre 2007 et 2014. Ils présentaient tous un adénocarcinome prostatique T1c/T2 à faible risque. A l’inclusion, 61,21 % des patients avaient une biopsie positive et 38,79 % en avaient 2, le PSA médian était de 5,5 ng/l.

La biopsie de contrôle a été réalisée au bout d’un an sur 83 patients. Dans 1/3 des cas elle était négative (n = 27). En revanche, une progression est retrouvée dans 36,14 % des cas (n = 19), soit sur le nombre de carottes positives (22,89 % des patients ont plus de 2 carottes positives), soit sur le score de Gleason, ou sur les deux. Ces résultats indiquent que les patients doivent être bien informés, dès leur inclusion dans le protocole de surveillance, de la nécessité de la biopsie à 1 an et de l’éventualité qu’elle révèle une progression de la maladie.

Sur la cohorte, 33 patients ont été traités de façon différée, dont 23 par prostatectomie radicale (PR). Le délai médian entre le début de la surveillance active et la PR est de 19 mois. Si la PR est décidée dans 19 cas sur les critères de la surveillance active, le stade pT et le score de Gleason sont toutefois encore le plus souvent favorables, identiques aux séries de faibles risques opérés sans surveillance active préalable (pT2 pour 74 % des patients et Gleason 3+3 pour 65 %).
Enfin, sur les 116 patients inclus entre 2002 et 2014 et avec un recul médian de 23,8 mois, 73 étaient toujours en surveillance active au moment de l’établissement des résultats, dont 21 des 27 patients dont la biopsie était revenue négative après 1 an de suivi.

La surveillance active paraît être une option intéressante pour éviter les surtraitements des cancers de stade précoce. Cette façon innovante de prise en charge des cancers apparaît toutefois générer de l’inquiétude chez certains  patients. Dans cette étude, une dizaine de patients ont en effet souhaité arrêter ce type de suivi à cause du stress que cela leur procurait. Une amélioration de la sélection des patients pourrait renforcer la confiance des patients et des soignants, amélioration qui pourrait venir de l’IRM dynamique, préconisée à présent dans les protocoles de surveillance active.

Dr Roseline Péluchon
Références
Léon P et coll.: Résultats des biopsies prostatiques à 1 an chez des patients placés en surveillance active (protocole PRIAS).
Léon P et coll.: Suivi prospectif d’une cohorte de 116 patients en surveillance active pour un cancer de prostate à faible risque.
Léon P et coll.: Résultats anatomo-pathologiques après prostatectomie radicale (PR) chez des patients initialement placés en surveillance active (protocole PRIAS).
108ème Congrès Français d'Urologie (Paris): 19 - 22 novembre 2014.

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