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Tuesday, July 8, 2014

Cancer de la prostate et régime crétois : 

faut-il ne manger que des figues et des noix ?

L’incidence et la mortalité du cancer de prostate (KP) sont plus faibles sur les bords de la Méditerranée que dans le reste de l’Europe. Beaucoup ont attribué cette différence aux mérites du régime crétois (RC) composé essentiellement de fruits (oranges, raisins), légumes (brocolis, haricots verts, tomates), noix, feta, fromage blanc, céréales non raffinées (farine d’avoine), thon en conserve, lard, sauce tomate,  lait écrémé, huile d’olive, avec peu de lait, crème, œufs, volaille, viande rouge. Des auteurs américains ont essayé d’y voir un peu plus clair quant à cette influence potentielle du  RC sur le KP.

Leur travail a reposé sur le suivi prospectif de 47 867 hommes professionnels de santé « enrôlés » en 1986 sans cancer au départ et qui ont dû remplir tous les 2 ans un questionnaire sur leur alimentation, mentionnant l’abondance et la fréquence de 130 aliments consommés (de jamais à 6 fois par jour en passant par une fois par mois). Les hommes se voyaient attribuer un point quand ils étaient au-dessous de la moyenne en termes de consommation de viande ou de crème, 1 point s’ils buvaient entre 10 et 50 g d’alcool/j, 1 point s’ils dépassaient la moyenne en termes d’ingestion de fruits, légumes, noix, poissons, et acides gras non saturés (0à 9 points). La survenue d’un KP imposait qu’on en connût le grade, le stade, le taux d’antigène spécifique de la prostate, la diffusion, le traitement et la date de décès avec sa cause.
En 24 ans, on a vu survenir 6 220 KP (13 %) ; l’adhésion des hommes au régime a été bonne pour 1/3 (6 à 9 s’améliorant au fil du temps), moyenne (4 à 5) et médiocre (0 à 3) pour les 2 autres tiers, les patients aux origines méditerranéennes se révélant les plus dociles. Ce sont aussi ceux qui fument le moins, sont les plus sportifs, et ingèrent le plus de lycopène.
L’observance plus ou moins stricte du RC n’a eu aucune incidence sur la survenue du KP, ni sur sa gravité (score de Gleason, stade, métastases). De même, les 263 décès en rapport avec le KP sont indépendants du suivi plus ou moins strict du RC. En revanche, les malades porteurs de KP non métastasé qui se sont montré les plus soumis au RC ont eu une mortalité globale réduite de 22 % par rapport à ceux qui y étaient rétifs. Toute augmentation de 2 points s’est traduite par un risque de mortalité réduit de 10 %, et même de 31 % chez ceux qui prenaient de l’huile d’olive au moins 5 fois/ semaine.

Ainsi, le régime crétois ne modifie-t-il pas l’évolution du cancer de prostate, mais ceux qui l’observent et n’ont pas de métastases ont une mortalité globale diminuée (probablement à mettre sur le compte d’une moindre mortalité d’origine cardiovasculaire).
Dr Jean-Fred Warlin
Références
Kenfield SA et coll. : Mediterranean diet and prostate cancer risk and mortality in the health professionals follow-up study. Eur Urol., 2014; 65: 887-894.

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