Translate

Saturday, September 20, 2014

Cancer de la prostate et nutrition : à part la tomate peut-être…

Les études épidémiologiques montrent que le risque de présenter un cancer de la prostate (CP) peut être influencé par le style de vie et l’environnement. En effet les Chinois, à âge égal, ont des taux plus faibles de CP que les occidentaux, mais plongés dans le milieu occidental (immigration), ils les rattrapent dès la deuxième génération. Toutefois les nombreuses études conduites dans ce domaine n’ont pas réussi à mettre en évidence de façon probante les causes précises de l’augmentation du risque.
Le « World cancer Research fund (WCRF) » et le « American Institute for cancer Research (AICR) » ont émis des recommandations visant à diminuer le risque de cancer en général. Elles se basent principalement sur la promotion de l’activité physique, un régime alimentaire équilibré (favorisant les fruits et légumes) et le contrôle du poids corporel.
L’adhérence à ces recommandations s’accompagne-t-elle d’une réduction du risque du CP ? Les résultats des études sont incertains : une grande étude européenne a montré l’absence d’effet tandis qu’une autre étude américaine a montré une diminution du risque.
L’objectif de cet article est de répondre de nouveau à cette question en améliorant la méthodologie des études précédentes en prenant en compte l’effet non seulement sur la globalité des cas de CP mais aussi sur les différents stades et grades du CP. En effet le cancer de la prostate est polymorphe et les différentes « variétés » peuvent correspondre à des facteurs de risques différents.

Une diminution du risque d’environ 18 %

Pour cela, les auteurs ont analysé les données de 1 806 malades ayant un CP détecté sur le dosage des PSA et la biopsie et 12 005 contrôles indemnes de CP participant tous à l’étude ProtecT. Le style de vie et l’alimentation ont été documentés par un questionnaire adéquat. Les caractéristiques de base des sujets étaient très proches mais environ la moitié d’entre eux prenait des suppléments dont on ne connaît la teneur que dans environ 15 % des cas.
Les résultats montrent que parmi tous les paramètres, seule l’adhésion à une alimentation riche en fruits et légumes et en tomates (+ de 10 portions par semaine) est associée au risque de CP localisé en le diminuant d’environ 18 % (Odds ratio [OR] : 0,82, intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,70, 0,97, p = 0,02).
Les auteurs concluent que les recommandations généralement préconisées pour diminuer le risque du cancer en général  n’ont pas d’influence sur les risques de CP. Seuls les aliments riches en lycopène en particulier la tomate pourraient avoir un effet favorable.
Toutefois les nombreux biais et facteurs confondants surtout ceux méconnus qui grèvent ce genre d’études complexes de cohorte exposent à de larges variations dans les résultats. Dans ces conditions le chiffre de 18 % d’amélioration du risque attribué à la tomate, est beaucoup trop incertain pour offrir une garantie suffisante pour une recommandation de santé publique.
Dr Rodi Courie
Références
Er V et coll. : Adherence to dietary and lifestyle recommendations and prostate cancer risk inthe Prostate Testing for Cancer and Treatment (ProtecT) trial. Cancer Epidemiol Biomarkers Prev.,. 2014 Publication avancée en ligne le 13 juillet. pii: cebp.0322.2014.

No comments:

Post a Comment