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Wednesday, March 19, 2014

Chimiothérapie en fin de vie : est-ce bien nécessaire ?

La chimiothérapie est largement utilisée dans les phases terminales des cancers, dans le but de réduire les symptômes et d’améliorer la survie. Les données concernant la pertinence d’une telle prise en charge sont toutefois contradictoires. Interrompre une chimiothérapie est encore une décision d’autant plus difficile que les données manquent concernant l’utilité ou la nocivité de la chimiothérapie dans le dernier mois de vie.

Une étude réalisée dans 8 centres d’oncologie aux Etats-Unis fournit quelques enseignements sur le sujet. Il s’agit d’une analyse secondaire des données d’une étude prospective, réalisée sur des patients souffrant de cancer en phase avancée et relevant d’une prise en charge palliative. Les dossiers de 386 patients ont été ré-analysées. Ces malades sont décédés dans les 4 mois suivant leur inclusion,56 % d’entre eux étaient encore sous chimiothérapie.

L’analyse des données montre que les patients pour lesquels une chimiothérapie palliative est entreprise sont souvent plus jeunes, mariés, assurés (l’étude a lieu aux Etats-Unis), d’un niveau d’éducation supérieur, en meilleure forme physique et psychologique que ceux recevant des soins palliatifs sans chimiothérapie. Ils ont aussi plus souvent émis expressément le souhait de recevoir des soins à visée curative tant que cela pouvait prolonger leur survie. En revanche, ils sont moins souvent informés de la gravité de leur état et moins nombreux à avoir exprimé leurs attentes pour leur fin de vie.

Mais alors que le taux de survie globale n’est pas différent dans les deux groupes, les patients recevant une chimiothérapie à la phase terminale de leur cancer sont davantage susceptibles de mourir dans un service de soins intensifs (11 % vs 2 %) plutôt qu’à domicile (47 % vs 66 %). Et surtout, le choix qu’ils avaient fait concernant le lieu de leur fin de vie est moins souvent respecté que celui des malades dont le traitement ne comporte pas de chimiothérapie (68 % vs 80 %).
En ces temps où les soins de fin de vie sont l’objet d’importants questionnements, ces données confirment la valeur de l’information apportée au patient sur son état de santé et sur les bénéfices et risques d’une chimiothérapie palliative.  Elles jettent un éclairage particulier sur l’intérêt des directives anticipées dont le respect devrait assurer au patient une fin de vie conforme à ses valeurs personnelles.
Dr Roseline Péluchon
Références
Wright AA et coll. : Associations between palliative chemotherapy and adult cancer patients’ end of life care and place of death: prospective cohortstudy. BMJ 2014; 348: g1219doi: 10.1136/bmj.g1219.

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