Le centre de lutte contre le cancer Gustave Roussy s'est équipé d'un robot da Vinci nouvelle génération. Les Clés de demain a été serrer la « pince » de ce chirurgien mécanique.
On avait beau être prévenu, ça fait quand même un choc. Au-dessus d'une table d'opération de démonstration, quatre bras mécaniques s'activent. Trois tiennent des outils chirurgicaux, le dernier une caméra 3D ultra précise. A quelques mètres, un chirurgien pilote l'intervention du bout des doigts, les yeux plongés dans une console de contrôle. C'est la première rencontre avec un robot chirurgical da Vinci de quatrième génération. L'Institut Gustave Roussy de Villejuif s'en est équipé et le présentait officiellement à la presse le 26 novembre. Les Clés de demain a fait le déplacement.
Un robot en « direction assistée »
A l'hôpital, la machine a été livrée « avec » Antoine Missistrano, le représentant du da Vinci. Il explique à l'auditoire le mode de fonctionnement de son protégé mécanique, ses quatre bras indépendants, leur activation qui se fait en quelques minutes à peine, leur précision... Il prend alors place derrière la console de contrôle et le robot entre en action. On réalise alors vraiment l'ampleur de la technologie mise en oeuvre. « Le robot permet une précision encore jamais atteinte jusque-là » souligne Antoine Missistrano. Ses mouvements sont amples, bien plus que ceux répétés par le robot. « La manipulation est très intuitive. La technologie de démultiplication des mouvements apportée à cette génération du da Vinci permet une action plus nette, plus précise et simplifiée pour le chirurgien » ajoute-t-il. La démultiplication des mouvements, pour faire simple, c'est comme la direction assistée d'une voiture. On tourne cinq fois le volant pour un mouvement de roue de dix centimètres. Le principe est le même.
Ce qui dérange : c'est l'absence de « toucher » lors de la prise en main du robot. On ne sent pas que l'on sectionne un tissu, que l'on retire un corps. « Une absence parfaitement compensée par la visibilité procurée par la caméra fixée à l'un des bras du robot » assure Antoine Missistrano. Si les chirurgiens pensent de même, tout va bien.
Un investissement pour les patients
Dans les faits, quels bénéfices pour le patient ? « Ils sont multiples » explique Jean-Louis Bourgain, chef du service d'anesthésie de l'Institut. « La durée d'hospitalisation est réduite, les risques d'infection sont diminués tout comme la probabilité de transfusion sanguine et le temps de rétablissement après l'opération ». Mais c'est le caractère non-invasif des actions du robot qui représente la plus grande avancée. « Pour toutes les opérations ORL par exemple, il n'y a plus besoin d'ouvrir le patient. Le robot peut accéder à une tumeur derrière la langue directement par la bouche. Les douleurs post-opératoires en sont considérablement réduites pour le patient » explique Jean-Louis Bourgain. Il en sera de même pour tous les types d'interventions qui utiliseront le da Vinci Xi, de la chirurgie intra-abdominale en gynécologie à celle des tumeurs thyroïdiennes, en passant par la chirurgie viscérale.
Le projet aura demandé un investissement de 2,785 millions d'euros sur deux ans, entièrement rendu possible grâce au mécénat de la fondation Philanthropia. Les coûts d'entretien seront par la suite à la charge de l'hôpital. Chaque outil manipulé par un bras du robot coûte la modique somme de 25 000 euros et ne peut être utilisé qu'à dix reprises.
Pour mener à bien une opération à l'aide du da Vinci Xi, le corps médical de l'Institut Gustave Roussy a suivi une formation de six semaines. Reste aujourd'hui à pratiquer les derniers tests, des mises en situation en cas de problèmes et l'élaboration des protocoles de sécurité pour les résoudre. Rendez-vous dans trois semaines pour la première des 450 interventions chirurgicales qui seront éligibles à la chirurgie robotique chaque année.
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