Du nouveau en deuxième ligne pour les cancers bronchiques non à petites cellules
De nombreux patients atteints d’un cancer du poumon sont
diagnostiqués à un stade avancé de leur maladie et relèvent d’une
chimiothérapie. Les traitements de référence en première ligne du
cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) comportent du
platine, mais les options en deuxième ligne sont moins bien
définies.
En effet, l’efficacité des molécules anticancéreuses indiquées à
ce stade (docétaxel, pemetrexed ou erlonitib) reste modeste, avec
une médiane de survie n’excédant pas 8 mois. Une étude de phase 3,
la LUME-Lung study, a évalué l’efficacité et la tolérance du
nintedanib, thérapeutique ciblée anti-angiogénique, associé au
docétaxel en deuxième ligne dans le CBNPC. Le nintedanib cible
différents récepteurs des facteurs de croissance, notamment le
récepteur du facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGF-R),
le récepteur du facteur de croissance du fibroblaste (FGF-R) et le
récepteur du facteur de croissance dérivé des plaquettes
(PDGF-R).
Les patients inclus, provenant de 211 centres dans 27 pays,
oavaient un CBNPC de stade IIIB/IV en progression après une
première ligne de chimiothérapie. Ils ont été tirés au sort pour
recevoir du docétaxel (75 mg/m² en perfusion intraveineuse à J1),
et soit, le nintedanib 200 mg par voie orale deux fois par jour,
soit un placebo, de J2 à J21. Ce traitement a été administré toutes
les 3 semaines jusqu'à la survenue d’effets indésirables
inacceptables ou en cas de progression de la maladie.
L’essai s’est déroulé en double aveugle. Le critère d'évaluation
principal était la survie sans progression, analysée en intention
de traiter, et le critère secondaire, la survie globale.
Entre décembre 2008 et février 2011, 655 patients ont été
traités par le docétaxel associé au nintedanib, et 659 par
docétaxel et placebo. L'analyse principale a été réalisée après un
suivi médian de 7,1 mois. Il en ressort que la survie sans
progression est améliorée de façon significative dans le groupe
nintedanib par rapport au groupe placebo (médiane 3, 4 vs 2,7 mois
; hazard ratio [HR] de 0,79 ; p = 0,0019). Chez les
patients atteints d'un adénocarcinome, la survie globale est
également améliorée dans le groupe nintedanib par rapport au groupe
placebo: la médiane de survie est de 12,6 mois dans le groupe
nintedanib (n = 322) contre 10,3 mois dans le groupe placebo (n
=336) (p = 0,0359). En revanche, si l’on considère la population
dans son ensemble, la survie globale n’est pas modifiée par le
nintedanib : de 10,1 mois dans le groupe traité et de 9, 1 mois
dans le groupe placebo (p = 0,2720). La réponse au traitement en
fonction de la présence de mutation de différents gènes (EGFR, KRAS
. . .) n’a pas pu être évaluée, les tests moléculaires n’étant pas
fait systématiquement à l’époque de l’étude.
Les effets indésirables sont un peu plus fréquents dans le
groupe nintedanib, essentiellement d’ordre digestif (diarrhée [6,6
% par rapport à 2,6 %] et augmentation réversible des
transaminases).
Le nintedanib, en association avec le docétaxel, pourrait
constituer une option thérapeutique intéressante en deuxième ligne
chez les patients porteurs d’un CBNPC, en particulier pour
les adénocarcinomes. Les autres essais actuellement en cours
permettront de préciser la place de ces thérapeutiques
anti-angiogéniques en seconde ligne.
Dr Béatrice Jourdain
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