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Monday, January 12, 2015

Détection des récidives de cancer prostatique par la 18F-Choline-TEP-TDM : le traitement anti-androgénique n’interfère pas

Le traitement optimal du cancer prostatique repose sur la prostatectomie radicale, ses indications étant cependant dictées par plusieurs facteurs pronostiques, notamment l’âge. Dans les suites de l’intervention, la recherche des récidives repose en grande partie sur le dosage du PSA. Toute élévation significative de ce marqueur biochimique incite à localiser le siège des lésions évolutives et, depuis peu, la tomographie à émission de positon  couplée à la tomodensitométrie (TDM) est devenue un examen de choix, avec la mise au point d’un médicament radiopharmaceutique nouveau. Il s’agit, en l’occurrence, d’un acide aminé, la choline, marquée par le fluor 18, laquelle est fortement métabolisée par le tissu prostatique selon des voies imparfaitement connues chez l’homme. De ce fait, la pharmacothérapie anti-androgénique pourrait interférer avec le métabolisme de la choline et diminuer les performances diagnostiques de la 18F-choline-TEP-TDM.
Une  étude rétrospective a examiné la question. Elle a inclus 325 patients (âge moyen, 70 ans; extrêmes: 49-86) atteints d’un cancer prostatique traité par prostatectomie radicale. Dans tous les cas, une 18F-choline-TEP-TDM a été réalisée devant une élévation du PSA faisant craindre une récidive. L’évaluation a porté sur deux groupes de patients : la cohorte dans son ensemble formant le groupe A (PSA moyen, 5,5 ng/ml, extrêmes, 0,1-80) et 187 patients constituant un groupe B où les taux de PSA étaient plus homogènes, ni trop bas, ni trop élevés, (moyenne, 2,1 ng/ml; extrêmes, 0,5 à 5), l’objectif étant d’éviter une probabilité “a priori” faible ou élevée que la TEP soit positive ou négative.
Au moment où l’examen a été réalisé, 139 patients du groupe A recevaient un traitement anti-androgénique et  72 du groupe B. Une hormonorésistance était plus que vraisemblable, du fait de l’ancienneté de la maladie (> 18 mois)  et de l’élévation persistante du PSA en dépit du traitement en cours. Les données ont été traitées au moyen d’une analyse multivariée par régression logistique binaire prenant en compte, notamment, les taux de PSA et la notion d’un traitement anti-androgénique.
Dans le groupe A, la TEP-TDM a détecté une récidive chez 58,2 % des patients. Ce résultat était significativement et positivement corrélé aux taux de PSA et au traitement anti-androgénique (p < 0,05). Ce dernier a été associé à un taux de détection de 70,5 %, alors que les taux moyens de PSA étaient de 7,8 ng/ml. En l’absence d’anti-androgènes, le taux de détection a été de 48,9 % (p < 0,001), les taux moyens de PSA étant alors de 3,9 ng/ml.
Dans le groupe B, la seule variable corrélée à la détection des récidives a été le PSA, les anti-androgènes n’ayant aucun impact statistiquement significatif sur celui-ci (p = 0,061). Cependant, le taux de détection s’est avéré plus élevé sous traitement anti-androgénique, soit 65,3 versus 51,3 % en son absence, sans que le seuil de signification statistique soit pour autant atteint.
Les résultats de cette étude rétrospective concordent avec ceux des études antérieures, pour ce qui est du taux de détection des récidives du cancer prostatique traité par prostatectomie radicale. Dans ce cas de figure, la 18F-choline TEP-TDM permet en effet d’identifier les récidives dans environ 60 % des cas. La donnée nouvelle est l’absence d’interférence négative du traitement anti-androgénique avec la “sensibilité” de cette exploration.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE
Chondrogiannis S et coll. : Is the detection rate of 18F-choline PET/CT influenced by androgen-deprivation therapy? Eur J Nucl Med Mol Imaging., 2014; 4: 1293-1300.

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