L’anakinra pour réduire l’incidence de l’insuffisance cardiaque au cours de l’IDM ST+ ?
Il existe une association indiscutable entre la présence d’une inflammation systémique et l’infarctus du myocarde (IDM) aigu. Ainsi, les taux plasmatiques de la CRP (C-reactive protein) et ceux des autres biomarqueurs de l’inflammation prédisent non seulement la survenue d’un infarctus mais aussi, une fois qu’il est survenu, les événements adverses dont sa récidive.
L’interleukine-1 est un médiateur central de la réponse inflammatoire locale et systémique. Son blocage par un antagoniste recombinant de son récepteur(anakinra) ou par un anti-corps anti-interleukine-1 (canakinumab ou gevokizumab) diminue significativement le taux des biomarqueurs de l’inflammation dans l’IDM avec sus-décalage du segment ST (ST+), l’IDM ST-, l’insuffisance cardiaque chronique systolique et diastolique, le diabète. Cependant, on ignore si l’activité de l’interleukine-1 est un facteur modifiable et si son blocage améliore le pronostic de l’infarctus.
Abbate et coll. ont donc tenté d’évaluer la sécurité d’emploi de l’anakinra dans l’IDM ST+. Pour ce faire, ils ont réalisé une analyse poolée des données des 40 patients inclus dans deux études pilotes, VCU-ART (Virginia Commonwealth University Anakinra Remodeling Trial) et VCU-ART 2.
Abbate et coll. ont donc tenté d’évaluer la sécurité d’emploi de l’anakinra dans l’IDM ST+. Pour ce faire, ils ont réalisé une analyse poolée des données des 40 patients inclus dans deux études pilotes, VCU-ART (Virginia Commonwealth University Anakinra Remodeling Trial) et VCU-ART 2.
Après randomisation, ces patients hospitalisés pour un IDM ST+ aigu cliniquement stable, ont été assignés à recevoir, en double aveugle, pendant 14 jours soit de l’anakinra 100 mg/jour (0,67 ml injectés par voie sous cutanée) soit un placebo (NaCl à 0,9 %).
Sur un suivi moyen de 28 mois (3 à 38), seize patients (40 %) ont présenté au total, 22 évènements cardiovasculaires adverses : 1 décès d’origine cardiaque, 4 récidives d’IDM aigu, 5 épisodes d’angor instable nécessitant une hospitalisation et/ou une revascularisation urgente, 11 nouveaux cas d’insuffisance cardiaque.
Comparé au placebo, le traitement par anakinra s’est trouvé associé à un hazard ratio de 1,08 (intervalle de confiance [IC] 95 % [0,31 à 3,74] ; p = 0,90) pour le critère composite (décès, récidive d’IDM aigu, angor instable, accident vasculaire cérébral) et à un hazard ratio de 0,16 (IC 95 % [0,03 à 0,76] ; p = 0,008) pour le critère composite (décès ou insuffisance cardiaque).
Comparé au placebo, le traitement par anakinra s’est trouvé associé à un hazard ratio de 1,08 (intervalle de confiance [IC] 95 % [0,31 à 3,74] ; p = 0,90) pour le critère composite (décès, récidive d’IDM aigu, angor instable, accident vasculaire cérébral) et à un hazard ratio de 0,16 (IC 95 % [0,03 à 0,76] ; p = 0,008) pour le critère composite (décès ou insuffisance cardiaque).
En conclusion, en présence d’un IDM ST+, le blocage de l’interleukine-1 par l’anakinra pendant 2 semaines a un effet neutre sur la récidive des événements ischémiques dont il ne modifie pas l’incidence mais pourrait prévenir, sur le long terme, la survenue d’une insuffisance cardiaque. L’effet protecteur de l’anakinra vis-à-vis de l’insuffisance cardiaque découle d’une certaine logique dans la mesure où l’interleukine-1 favorise l’apoptose des myocytes, l’augmentation du volume cardiaque et la dysfonction contractile. Des informations complémentaires seront apportées par l’étude de phase II VCU-ART3, actuellement en cours.
Dr Robert Haïat
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