Cancer de la prostate et nutrition : à part la tomate peut-être…
Les études épidémiologiques montrent que le risque de présenter
un cancer de la prostate (CP) peut être influencé par le style de
vie et l’environnement. En effet les Chinois, à âge égal, ont des
taux plus faibles de CP que les occidentaux, mais plongés dans le
milieu occidental (immigration), ils les rattrapent dès la deuxième
génération. Toutefois les nombreuses études conduites dans ce
domaine n’ont pas réussi à mettre en évidence de façon probante les
causes précises de l’augmentation du risque.
Le « World cancer Research fund (WCRF) » et le « American
Institute for cancer Research (AICR) » ont émis des recommandations
visant à diminuer le risque de cancer en général. Elles se basent
principalement sur la promotion de l’activité physique, un régime
alimentaire équilibré (favorisant les fruits et légumes) et le
contrôle du poids corporel.
L’adhérence à ces recommandations s’accompagne-t-elle d’une
réduction du risque du CP ? Les résultats des études sont
incertains : une grande étude européenne a montré l’absence d’effet
tandis qu’une autre étude américaine a montré une diminution du
risque.
L’objectif de cet article est de répondre de nouveau à cette
question en améliorant la méthodologie des études précédentes en
prenant en compte l’effet non seulement sur la globalité des cas de
CP mais aussi sur les différents stades et grades du CP. En effet
le cancer de la prostate est polymorphe et les différentes «
variétés » peuvent correspondre à des facteurs de risques
différents.
Une diminution du risque d’environ 18 %
Pour cela, les auteurs ont analysé les données de 1 806 malades
ayant un CP détecté sur le dosage des PSA et la biopsie et 12 005
contrôles indemnes de CP participant tous à l’étude ProtecT. Le
style de vie et l’alimentation ont été documentés par un
questionnaire adéquat. Les caractéristiques de base des sujets
étaient très proches mais environ la moitié d’entre eux prenait des
suppléments dont on ne connaît la teneur que dans environ 15 % des
cas.
Les résultats montrent que parmi tous les paramètres, seule
l’adhésion à une alimentation riche en fruits et légumes et en
tomates (+ de 10 portions par semaine) est associée au risque de CP
localisé en le diminuant d’environ 18 % (Odds ratio [OR] : 0,82,
intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,70, 0,97, p = 0,02).
Les auteurs concluent que les recommandations généralement
préconisées pour diminuer le risque du cancer en général
n’ont pas d’influence sur les risques de CP. Seuls les aliments
riches en lycopène en particulier la tomate pourraient avoir un
effet favorable.
Toutefois les nombreux biais et facteurs confondants surtout
ceux méconnus qui grèvent ce genre d’études complexes de cohorte
exposent à de larges variations dans les résultats. Dans ces
conditions le chiffre de 18 % d’amélioration du risque attribué à
la tomate, est beaucoup trop incertain pour offrir une garantie
suffisante pour une recommandation de santé publique.
Dr Rodi Courie
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