Où la taille de la structure hospitalière influe sur le pronostic des cancers du pancréas
Il a été démontré que, pour être optimale, la prise en charge
des cancers du pancréas (KP) devait se faire dans des centres «
à débit important ». Ainsi, aux Pays-Bas, où environ 500
résections pancréatiques sont effectuées annuellement, elles n’ont
plus lieu dans 40 centres différents comme naguère, mais sont,
depuis 2005, concentrées dans 32 hôpitaux, ce qui a fait croître le
taux d’opérabilité, le taux de survie à 2 ans, et baisser la
mortalité postopératoire de 24 à 4 %. Les auteurs néerlandais ont
souhaité actualiser ces chiffres, en consultant leur registre
national du cancer.
Tous les cancers de la tête du pancréas diagnostiqués de 2000 à
2009 ont été répertoriés (âge, sexe, type histologique, stade, type
de traitement). Les hôpitaux ont été distingués en centres à
faible débit (CFD < 10 duodénopancréatectomies
céphaliques-DPC-/an), moyen débit (CMD 10 à 19 DPC/an) et débit
important (CDI > 20 DPC/an). La modification de politique
de santé étant intervenue en 2005, on a comparé les périodes
2000-2004 (P1) et 2005-2009 (P2). Les critères de jugement ont été
la mortalité opératoire (des 30 j) et la survie à long terme. Les
patients ont été suivis jusqu’au 01/01/2011.
Sur plus de 11 000 KP diagnostiqués durant l’intervalle choisi,
1 465 (13,1 %) ont pu être réséqués, ce taux ayant augmenté
significativement (de 10,7 % en P1 à 15,3 % en P2). Les patients
opérés étaient plus jeunes que ceux pour lesquels la résection a
été refusée, et leur tumeur était moins évoluée, mais on a opéré
beaucoup plus (46 vs 33 %) de KP pT3 (c’est à dire atteignant un
organe voisin), en P2 qu’en P1 en recourant aussi
beaucoup plus au traitement multimodal (27 vs 6 %) pendant la 2ème
période.
Entre P1 et P2, la proportion des malades traités dans des CDI
est passée de 30 à 47 %, alors que les opérés en CFD suivaient une
évolution inverse (de 55 à 18 %).
Certes, la survie moyenne (15 ou 16 mois) n’a guère progressé
entre les 2 périodes ; la mortalité des 30 j postopératoires est de
4 % soit 3,1 % en CDI et 5,2% en CFD, ce qui est peu significatif ;
en revanche la survie à 2 ans atteint 40 % pour les patients pris
en charge en CDI vs 31 % en CFD (p = 0,04) avec une différence de
survie (18 mois en CDI vs 16 mois en CFD), cette différence
persistant après ajustement en fonction de la période de
diagnostic, de l’âge, du sexe, du stade tumoral et du traitement
adjuvant.
Au total, la centralisation dans des établissements d’excellence
permet d’opérer des malades qui auraient été récusés ailleurs,
prolonge la survie des patients qui y sont traités et doit donc
être encouragée dans l’avenir.
Dr Jean-Fred Warlin
No comments:
Post a Comment