Les cystectomies avec reconstruction de vessie ont doublé en France en 10 ans
Le cancer de la vessie est une tumeur fréquente de l’appareil
urinaire. Plus de 10 000 cas sont diagnostiqués chaque année en
France et il s’agit du 4ème cancer en terme de fréquence chez
l’homme et du 9ème chez la femme. La cystectomie totale reste le
traitement de référence du cancer infiltrant de la vessie. Une
analyse des données de la base nationale française PMSI (Programme
de Médicalisation des Systèmes d’Information) a été réalisée et
présentée lors du congrès de l’AFU. Elle fournit des informations
intéressantes sur l’évolution de la pratique de la cystectomie en
France au cours de la dernière décennie.
Les auteurs ont recensé toutes les cystectomies pratiquées entre
2003 et 2013, en comparant l’incidence et les techniques utilisées
sur deux périodes, les 5 premières années et les 5 années
suivantes. Entre 2003 et 2013, 33 340 cystectomies totales ont été
pratiquées en France. La fréquence annuelle n’est toutefois pas la
même selon la période examinée, puisque 15 102 interventions ont eu
lieu entre 2003 et 2008 (moyenne annuelle : 2 517) versus 18 238
entre 2009 et 2013 (moyenne annuelle : 3 648). Des évolutions se
remarquent aussi dans la technique opératoire. Si les cystectomies
de type Bricker restent largement majoritaires, constituant 72,9 %
des procédures sur toute la période, le nombre des interventions
avec reconstruction de vessie (néovessie) a presque doublé en 10
ans, passant d’une moyenne de 625 par an entre 2003 et 2008 à 1 061
par an dans la seconde période. Les auteurs de l’étude mettent ce
doublement sur le compte de l’intérêt croissant que les urologues
français portent à cette méthode et à leur meilleure formation pour
la pratiquer.
La cystectomie reste toutefois une intervention lourde qui grève
significativement la qualité de vie des patients. Il est alors
légitime de s’interroger sur la morbidité et sur la survie dont
elle est assortie chez les patients les plus âgés. Une étude
réalisée sur 36 octogénaires ayant subi une cystectomie apporte des
éléments de réponse.
Ces patients, âgés en moyenne de 83,2 ans et en majorité des
hommes (3 hommes pour 1 femme), étaient atteints d’une tumeur de
vessie infiltrante ou d’une tumeur non infiltrante, mais à très
haut risque de progression. Leur score ASA préopératoire était ASA
2 pour 33 % d’entre eux, ASA 3 pour 54 % et ASA 4 pour 13 %.
La presque totalité des tumeurs étaient classée T2 ou T3 et de
grade 3. Une cystectomie type Bricker a été réalisée chez plus de
la moitié des patients, 36 % ont eu une urétérostomie cutanée et 9
% une reconstruction de vessie et il est relevé une mortalité
péri-opératoire de 5,6 %. Les taux de complications à 30 jours et à
90 jours ne sont pas négligeables, de 30 % et 42 %, mais cette
morbidité paraît toutefois acceptable puisque la survie globale à
1, 2 et 3 ans est de 63 %, 44 % et 40 % et la survie spécifique de
65 %, 52 % et 50 %. L’âge des patients n’apparaît donc pas comme un
obstacle à la pratique de la cystectomie totale en cas de cancer
vésical infiltrant.
Dr Roseline Péluchon
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