Thromboprophylaxie systématique pour les patients atteints de cancer hospitalisés ?
Les patients atteints de cancer hospitalisés pour une affection
aiguë ont un risque accru d’événements thrombo-emboliques (ETE).
De
ce fait, les sociétés savantes en oncologie recommandent
l’administration d’un traitement anticoagulant prophylactique par
héparine de bas poids moléculaire. Ces recommandations se basent
sur l’extrapolation des résultats des essais montrant l’efficacité
et la tolérance de la thromboprophylaxie chez les malades
hospitalisés. Cependant le rapport risque/bénéfice d’une telle
stratégie chez les patients atteints de cancers n’a jamais été
formellement évalué.
Une revue exhaustive de la littérature internationale a été
entreprise pour déterminer le taux d’ETE chez des patients atteints
de cancer recevant une héparine de bas poids moléculaire ou un
placébo. Deux experts indépendants ont été diligentés pour
extraire, de manière standardisée, les données les plus pertinentes
à partir des études sélectionnées. L’attention s’est focalisée, en
premier lieu, sur tous les ETE et, en second lieu, sur les
complications hémorragiques majeures sous traitement anticoagulant
et les ETE symptomatiques. L’analyse des données a reposé sur un
modèle à effets aléatoires classiquement utilisé dans les
méta-analyses.
La recherche bibliographique a permis de retrouver 242 citations
sur le sujet. Trois études randomisées menées contre placebo ont
été retenues, car elles étaient les seules à avoir pris pour
premier critère les ETE et distingué des sous-groupes de
patients atteints d’un cancer. L’ensemble des données permet
d’estimer un risque relatif d’ETE symptomatiques ou non à 0,91 chez
les patients hospitalisés et traités de manière prophylactique par
les anticoagulants (versus placebo, NS). Aucune information n’a pu
être obtenue pour ce qui est des complications hémorragiques
majeures et des seuls ETE symptomatiques.
Cette méta-analyse ne permet pas de conclure quant au rapport
bénéfice/risque du traitement anticoagulant prophylactique chez les
patients atteints d’un cancer et hospitalisés en raison d’une
affection aiguë. Ses données ne sont pas en faveur d’une
thromboprophylaxie systématique, qui est pourtant recommandée «
avec un haut niveau de preuve » par les sociétés savantes.
Dr Philippe Tellier
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