Chimiothérapie en fin de vie : est-ce bien nécessaire ?
La chimiothérapie est largement utilisée dans les phases
terminales des cancers, dans le but de réduire les symptômes et
d’améliorer la survie. Les données concernant la pertinence d’une
telle prise en charge sont toutefois contradictoires. Interrompre
une chimiothérapie est encore une décision d’autant plus difficile
que les données manquent concernant l’utilité ou la nocivité de la
chimiothérapie dans le dernier mois de vie.
Une étude réalisée dans 8 centres d’oncologie aux Etats-Unis
fournit quelques enseignements sur le sujet. Il s’agit d’une
analyse secondaire des données d’une étude prospective, réalisée
sur des patients souffrant de cancer en phase avancée et relevant
d’une prise en charge palliative. Les dossiers de 386 patients ont
été ré-analysées. Ces malades sont décédés dans les 4 mois suivant
leur inclusion,56 % d’entre eux étaient encore sous
chimiothérapie.
L’analyse des données montre que les patients pour lesquels une
chimiothérapie palliative est entreprise sont souvent plus jeunes,
mariés, assurés (l’étude a lieu aux Etats-Unis), d’un niveau
d’éducation supérieur, en meilleure forme physique et psychologique
que ceux recevant des soins palliatifs sans chimiothérapie. Ils ont
aussi plus souvent émis expressément le souhait de recevoir des
soins à visée curative tant que cela pouvait prolonger leur survie.
En revanche, ils sont moins souvent informés de la gravité de leur
état et moins nombreux à avoir exprimé leurs attentes pour leur fin
de vie.
Mais alors que le taux de survie globale n’est pas différent
dans les deux groupes, les patients recevant une chimiothérapie à
la phase terminale de leur cancer sont davantage susceptibles de
mourir dans un service de soins intensifs (11 % vs 2 %) plutôt qu’à
domicile (47 % vs 66 %). Et surtout, le choix qu’ils avaient fait
concernant le lieu de leur fin de vie est moins souvent respecté
que celui des malades dont le traitement ne comporte pas de
chimiothérapie (68 % vs 80 %).
En ces temps où les soins de fin de vie sont l’objet
d’importants questionnements, ces données confirment la valeur de
l’information apportée au patient sur son état de santé et sur les
bénéfices et risques d’une chimiothérapie palliative. Elles
jettent un éclairage particulier sur l’intérêt des directives
anticipées dont le respect devrait assurer au patient une fin de
vie conforme à ses valeurs personnelles.
Dr Roseline Péluchon
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