L'Ined
s'est penché sur les parcours de fin de vie. L'analyse des lieux de
séjour un mois, une semaine et un jour avant le décès des patients
démontre l'influence de l'âge et du sexe mais, aussi, que la maladie et
la finalité des traitements conditionnent les lieux
de fin de vie des
patients.
L'Institut
national d'études démographiques (Ined) vient de publier une étude
consacrée aux parcours de fin de vie. Intitulée "Le dernier mois de
l'existence : les lieux de fin de vie et décès en France", cette étude,
réalisée auprès des médecins ayant certifié un décès en décembre 2009*,
analyse les différents lieux de séjour un mois, une semaine et un jour
avant le décès. Elle démontre que les changements de lieux "sont fréquents"
au cours du dernier mois. Et surtout que l'âge, le sexe, la pathologie
ainsi que les traitements influencent ce parcours. Quatre semaines avant
le décès, la situation "la plus fréquente"
reste de vivre à domicile, notamment pour les hommes (50,6%), les
femmes étant plus souvent prises en charge en maison de retraite
(38,3%). Mais plus le moment de la mort approche plus le maintien à
domicile "se raréfie", soulignent les auteurs. La proportion de personnes hospitalisées fait ainsi "plus que doubler" et seuls 20% des hommes et 16,3% des femmes meurent chez eux.
Un transfert vers l'hôpital
Si trois personnes sur cinq meurent à l'hôpital, "la moitié seulement"
a été hospitalisée un mois avant son décès, constatent les auteurs de
l'étude. Sur cette moitié, 82% vont donc passer leur fin de vie à
l'hôpital. Cependant, il est constaté qu'un peu plus de 5% des personnes
hospitalisées entre le 28e et le 7e jour "rejoignent leur domicile"
ou une maison de retraite. Entre sept jours et la veille du décès, ces
proportions sont respectivement de 2,9% et 1,2%. Les personnes se
trouvant à leur domicile un mois avant leur décès présentent quant à
elles "la plus forte probabilité de changer de lieu de séjour".
Seul un peu moins d'un tiers y passe la totalité du dernier mois de
leur existence, souligne l'Ined. Par ailleurs, les départs ne se font
que vers l'hôpital à un rythme "qui se renforce jusqu'au décès". À l'inverse, pour les personnes séjournant en maison de retraite, "une large majorité" y reste "sans discontinuité" jusqu'à
la fin de son existence. Quasiment aucune ne retourne chez elle et le
transfert se fait là aussi essentiellement vers l'hôpital.
Des parcours différenciés par les facteurs extérieurs
Les
femmes présentent le plus fort taux d'admission en maison de retraite,
elles sont donc plus nombreuses à y décéder. L'effet de l'âge joue
également sur les lieux de fin de vie. En effet, les personnes plus
âgées meurent plus souvent en maison de retraite et moins souvent à
l'hôpital que les plus jeunes, est-il précisé.
La pathologie influence
également les parcours. Les personnes atteintes de cancer passeront
ainsi leur dernier mois d'existence à l'hôpital (34,3%), celles décédant
de maladies cardiovasculaires à domicile (22,1%) et celles atteintes de
troubles mentaux en maison de retraite (53%).
L'hospitalisation en
provenance de maison de retraite est plus fréquente pour les personnes
atteintes de maladies infectieuses (21,1%) et respiratoires (13,4%).
Les
traitements délivrés diffèrent aussi selon le lieu de prise en charge.
Ceux dispensés à domicile ou en maison de retraite visent à assurer le
confort des patients (66-68% en moyenne), ceux à l'hôpital à traiter un
ou plusieurs épisodes aigus d'une affection chronique (50-57%) ou à
guérir (15-16% en moyenne).
Autre constat effectué par les enquêteurs,
l'entourage proche est impliqué dans la prise en charge. 94% des
personnes passant leur dernier mois de vie à l'hôpital sont entourées.
Et quel que soit le lieu de vie, le stade de fin de vie "est très majoritairement vécu en présence de la famille".
Conséquences des trajectoires
Le rythme des transferts vers l'hôpital augmentant à l'approche de la mort traduit "sans doute" la difficulté de l'entourage ou du personnel des maisons de retraite à gérer cette "phase ultime d'aggravation de l'état de santé".
Par ailleurs, alors que les Français souhaitent mourir à domicile, le domicile reste "le parent pauvre des politiques de développement des soins palliatifs", indiquent les auteurs. Pour autant, ils ajoutent que toutes les situations n'y "sont pas gérables". Au Royaume-Uni par exemple, mourir chez soi est devenu "un peu plus fréquent" au cours des dernières années. Une situation due à la mise en place notamment d'une politique spécifique intitulée "national end of life care initiative-strategy".
En outre, la poursuite des évolutions des causes de mortalité devrait conduire "à une progression de l'institutionnalisation des lieux de fin de vie",
la majorité des personnes atteintes de cancer ou de troubles mentaux
passant leurs derniers instants à l'hôpital et en maison de retraite,
concluent les auteurs de l'étude.
Géraldine Tribault
* L'étude a été réalisée sur un échantillon de 14 999 personnes décédées âgées de plus de 18 ans. Pour chaque bulletin de décès, le médecin certificateur a été identifié (646 n'ont pu l'être).
Géraldine Tribault
* L'étude a été réalisée sur un échantillon de 14 999 personnes décédées âgées de plus de 18 ans. Pour chaque bulletin de décès, le médecin certificateur a été identifié (646 n'ont pu l'être).
04/03/14 - 16h46 - HOSPIMEDIA |
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