Affaire Vincent Lambert : des arguments intouchables
Paris, le 20 février 2014 – Au cours d’un entretien mené par
Marc Olivier Fogiel sur RTL, une nouvelle pièce a été versée au
dossier médiatique de l’affaire Vincent Lambert et plus
généralement à celui de l’euthanasie. Cet élément nouveau est le
témoignage de Philippe Pozzo di Borgo, l’homme dont l’histoire a
inspiré le film Intouchables. Comme tous les spectateurs du film
s'en souviennent Philippe Pozzo di Borgo est tétraplégique et est
traité depuis cinq mois pour des escarres.
Si le cas de Philippe Pozzo di Borgo semble être moins « grave »
que celui de Vincent Lambert, son expérience ne peut que nous
conduire à réfléchir à des situations cliniques proches de celle de
Vincent Lambert. Il explique ainsi mettre à profit ses périodes
d’alitements prolongées et répétées pour une véritable
introspection... Il en vient même, peut-être par gout de la
provocation, à prétendre que son état actuel est finalement plus
enviable que celui d’un valide vivant dans l’angoisse provoquée par
l’agitation et le bruit, et affirmer ne plus regretter la vie d’ «
agitateur vibrionnant » qu’il aura connu pendant les 42 années qui
ont précédé son accident de 1993, avant d’expliquer les vertus
quasi thérapeutique du silence…
Vous êtes gentil de ne pas me débrancher
Entrant dans le vif du sujet de l’affaire Vincent Lambert et de
l’euthanasie, le journaliste de RTL fait s’exprimer ce patient
célèbre qui se félicite de la décision des juges du Conseil d’Etat.
Il estime ainsi : « C'est très sage et je trouve que la loi
Leonetti ait cette sagesse de demander à plusieurs leur avis et de
ne pas légiférer d'une manière monolithique » avant de revenir
sur une hypothétique nouvelle législation. « J'aimerais
que les gens considèrent la question ou prennent le temps de la
considérer plutôt que d'aller dans l'excitation d'un sujet qui va
durer le temps d'un journal télévisé, avant d'enterrer le truc,
malheureusement, avec une loi définitive ».
Il est aussi revenu sur de récentes enquêtes montrant qu’un
pourcentage important des français "souhaiterait" une euthanasie
pour eux-mêmes dans le cas ou ils se retrouveraient dans la même
situation que Vincent Lambert :
« Si vous m'aviez demandé quand j'étais valide de signer un
papier comme quoi il fallait me débrancher si j'étais dans un état
aussi catastrophique, je l'aurais signé comme 92 % des français le
disent aujourd'hui, simplement, vous êtes gentil de ne pas me
débrancher aujourd'hui parce que je suis très bien où je suis
(...). On me pose la question est-ce que tu aurais souhaité que
l'on te débranche quand ça allait si mal après ton accident ? Bien
sûr que j'ai pensé à me suicider après mon accident, mais je suis
bien content que, 20 ans plus tard, on ne m'ait pas débranché
», poursuit-il.
Vérité en deçà de la tétraplégie, erreur au-delà ?
Frédéric Haroche
No comments:
Post a Comment