Antalgiques et insuffisance hépatique : comment faire ?
(Bosilkovska M et al. Douleur Analg. 2013 Dec; 26(4): 209-17)
En pratique courante, le
choix et la gestion des antalgiques chez des patients présentant une
insuffisance hépatique (IH) sont complexes et peuvent souvent devenir de
vraies difficultés. L'article présenté ici est une revue de la
littérature sur ce sujet qui n'a pas fait l'objet de recommandation
consensuelle et qui entraine une grande disparité dans l'utilisation des
antalgiques. Ceci a des conséquences sur l'efficacité et le soulagement
des patients souvent sous-traités. Plusieurs phénomènes entrainent des
modifications pharmacocinétiques : les shunts proto-systémiques lors de
cirrhoses qui augmentent la biodisponibilité orale ; l'hypoalbuminémie,
qui occasionne une augmentation de la fraction libre des médicaments et
donc modifie le volume de distribution ; la modification du métabolisme
par atteinte des fonctions des cytochromes P450. La fonction rénale est
souvent également altérée et nécessite une surveillance supplémentaire.
Quel antalgique choisir, à
quelles posologies et quelles surveillances en pratique ?
Au vu des
résultats des quelques études disponibles, le paracétamol semble pouvoir
être utilisé aux doses journalières de 2 g en surveillant attentivement
la fonction hépatique.
Les AINS doivent être utilisés avec prudence,
avec des posologies diminuées en cas d'IH modérée et évités en cas d'IH
sévère.
Concernant les opioïdes, la codéine n'est pas un choix judicieux
(car c'est sa transformation hépatique en morphine qui la rend
efficace).
L'efficacité du tramadol peut être altérée (car lui aussi est
métabolisé dans le foie avec un métabolite actif), et ses prises
doivent être diminuées et/ou espacées pour éviter une accumulation et
l'apparition d'un syndrome sérotoninergique (SS).
Concernant
l'oxycodone, la morphine, l'hydromorphone ou le fentanyl, il en est de
même (mis à part le risque de SS).
En résumé, une attention
supplémentaire chez les patients IH est indispensable, de plus, du fait
des polypathologies, nous devons tenir compte de la fonction rénale, des
interactions médicamenteuses, etc. Souvent sous-traités et donc
présentant des douleurs persistantes, ces patients peuvent bénéficier de
doses diminuées, en espaçant les prises et en surveillant de près la
fonction hépatique. Des études prospectives seraient intéressantes pour
réaliser de vraies recommandations.
http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11724-013-0359-3
http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs11724-013-0359-3
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