L’euthanasie pour les mineurs: c'est bientôt en Belgique
Bruxelles, le mercredi 12 février 2014 –
Si les Pays-Bas
autorisent l’euthanasie des mineurs à partir de l’âge de 12 ans, la
Belgique a exclu cette possibilité lors de l’adoption en 2002 de sa
loi légalisant cette pratique. Il y a un an, le sénateur socialiste
Philippe Mahoux décidait de rouvrir le débat en déposant une
proposition de loi afin que « s’ils sont capables de
discernement, atteints d’une maladie incurable et d’une souffrance
inapaisable », les mineurs puissent demander à être
euthanasiés.
Euthanasies clandestines
Les débats ont été très longs et parfois houleux même si le
quotidien le Soir a assuré qu’ils avaient « échappé à
l’affrontement (…) différant en cela de l’affrontement meurtrier
sur ces thèmes de la société française » ! Les défenseurs de
l’élargissement de la loi semblaient soutenus par l’opinion
publique. Un sondage réalisé en octobre a en effet mis en évidence
que 74 % des Belges se déclaraient favorables à une loi «
autorisant l’euthanasie de mineurs souffrant de maladie
incurable et ne pouvant exprimer leur consentent » (soit un
libellé allant plus loin que le texte discuté). Par ailleurs,
certains spécialistes de soins palliatifs pédiatriques entendus par
les parlementaires mirent en avant le fait que l’euthanasie était
déjà pratiquée chez les mineurs « en dehors de tout cadre
légal ».
Un enfant veut-il vraiment mourir ou plus sûrement ne plus souffrir ?
Néanmoins, la communauté médicale est apparue divisée. De
nombreux pédiatres sont ainsi montés au créneau pour s’inquiéter
d’une telle loi. Trente neuf praticiens ont notamment adressé une
lettre ouverte aux élus fin janvier affirmant qu’une « demande
d’euthanasie pour un mineur, qu’elle soit spontanée ou mûrement
réfléchie ne se présente jamais dans la pratique ». Beaucoup ont en
effet fait valoir qu’il était difficile de déterminer dans quelle
mesure l’enfant exprimait un véritable désir de mort ou plus
certainement le souhait de ne plus souffrir et de ne plus voir
souffrir ses parents.
La rédaction de la loi en question
Les critiques ont également été nombreuses, en particulier
émanant de l’opposition, en ce qui concerne la rédaction du texte.
Les discussions ont ainsi été les plus intenses sur le point de
savoir s’il fallait déterminer ou non un âge à partir duquel
l’euthanasie pouvait être pratiquée. Finalement, le libellé retient
la notion de mineurs « capables de discernement ». C’est à
un psychiatre ou un psychologue que reviendra le soin de déterminer
si l’enfant est effectivement « capable de discernement »
et en particulier s’il mesure les conséquences de sa demande. Cette
dernière ne pourra par ailleurs être appréciée qu’en cas d’accord
des parents. Sur ces derniers points également, les interrogations
sont nombreuses. « Que se passera-t-il si les parents ne sont
pas d'accord entre eux ou si le psychiatre estime que l'enfant n'a
pas la capacité de comprendre la situation » observe ainsi
Christian Brotcorne chef du groupe centriste francophone, qui
redoute une « judiciarisation » de situations extrêmement
difficiles.
Le vrai scandale c’est la mort
Ces différentes objections ainsi que la désapprobation de toutes
les communautés religieuses du pays ne devraient pas empêcher
l’adoption définitive du texte ce jeudi 13 février après les votes
favorables du Sénat et de la commission de la Justice de la
Chambre. Selon l’auteur de la loi, Philippe Mahoux, son projet de
loi se veut « humaniste ». « Il s’agit de prendre en
compte la souffrance des patients » quel que soit leur âge. «
Ce qui est scandaleux, c’est la maladie et la mort des enfants,
pas l’euthanasie » a-t-il souligné.
Aurélie Haroche
No comments:
Post a Comment