Comment les équipes utilisent-elles les indicateurs pour améliorer leurs pratiques?
Parmi les évolutions les plus marquantes
de ces dernières années, deux apparaissent essentielles : le
développement ubiquitaire de l’utilisation des indicateurs et le travail
formalisé en équipe qui se développe fortement. Ces deux évolutions
doivent à l’évidence concourir à l’amélioration de la qualité des
pratiques.
Mais comment les équipes utilisent-elles les indicateurs pour améliorer la qualité de leur fonctionnement et par là, on peut l’espérer, leurs résultats ?
Mais comment les équipes utilisent-elles les indicateurs pour améliorer la qualité de leur fonctionnement et par là, on peut l’espérer, leurs résultats ?
Résumé
Pour
répondre à la question des modalités d’utilisation des indicateurs, par
les équipes, une équipe universitaire des Pays Bas associant
économistes et cancérologues publie dans Social Science & Medicine, une étude comparative de l’utilisation des indicateurs, dans quatre équipes multidisciplinaires (au sens anglo-saxon, c’est-à-dire multi professionnelles)
de prise en charge des cancers du sein – autrement dit dans des équipes
rodées à ce mode de travail depuis de nombreuses années.
Les
indicateurs utilisés dans le cadre de cette analyse associent des
indicateurs de structure (Réunion de concertation pluridisciplinaire,
infirmière de coordination), des indicateurs de processus (centrés sur
les délais de prise en charge) et un indicateur de résultat (reprise
chirurgicale).
Leur analyse porte sur les liens entre les caractéristiques du processus d’évaluation et d’amélioration mis en œuvre et les résultats en termes d’amélioration ressentie et objectivée par les indicateurs.
Leur analyse porte sur les liens entre les caractéristiques du processus d’évaluation et d’amélioration mis en œuvre et les résultats en termes d’amélioration ressentie et objectivée par les indicateurs.
Il ressort de ce travail que :
- Ce sont les équipes qui mettent en œuvre une démarche proactive d’utilisation et d’appropriation des indicateurs, qui ont les meilleurs résultats pour ces indicateurs et pour leur amélioration continue,
- les caractéristiques de ces équipes « gagnantes » sont sans surprise, celles qui ont le meilleur fonctionnement objectivé notamment en matière d’intégration des différentes compétences, de vision partagée des objectifs, d’aptitude au changement, de capacité d’innovation ainsi qu’un leadership clair et exemplaire du ou des pilotes légitimés à la fois sur le plan médical et organisationnel,
- l’intérêt
des indicateurs de structure et de processus est souligné en ce sens
qu’ils permettent de mettre en œuvre des actions d’amélioration
pratiques (caractère « actionnable ») alors que pour les
indicateurs de résultats, les solutions d’amélioration semblent
lointaines, voire inaccessibles et induisent un sentiment d’inconfort
face à des constats insatisfaisants.
Commentaire
Alors,
un papier qui « enfonce des portes ouvertes » ? Peut-être, mais en tout
cas un papier vivifiant et encourageant pour ceux qui s’engagent dans
une telle démarche intégrée :
- Sur le plan du processus
d’utilisation des indicateurs, c'est-à-dire structurant et articulant
les différentes étapes d’une démarche d’amélioration fondée sur les
indicateurs (développement des indicateurs, collecte, analyse et
interprétation des données, discussion collective de l’interprétation et
du choix des actions d’amélioration à mettre en œuvre) ;
- sur le plan du management avec identification de facteurs liés à la qualité du travail en équipe comme le partage de connaissance et de points de vue, la construction de consensus, le climat managérial pour l’innovation et le changement ainsi qu’un leadership efficace.
Un
autre enseignement de cette étude est le caractère moins opérationnel,
pour les équipes, des indicateurs de résultats (qui bien sûr, sont ceux
qui doivent être améliorés, notamment aux yeux des utilisateurs et
gestionnaires du système de santé).
Cela valide la pertinence de la prise en compte de ces indicateurs de résultats comme des signaux d’alerte qui nécessitent une analyse complémentaire et incite à développer des méthodes d’analyse de processus pour tirer profit d’une mesure d’indicateurs de résultats.
Donc pour se résumer, quand
l'équipe travaille en amont sur les indicateurs (autrement dit se les
approprie), elle améliore les résultats des-dits indicateurs, et "cerise sur le gâteau",
il ressort également de l'étude que le fait de travailler sur et avec
des indicateurs renforce l'équipe et notamment les relations
interpersonnelles en son sein.
Dr Catherine Grenier et Dr Philippe Cabarrot – HAS
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