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Wednesday, July 31, 2013


Burn-out en cancérologie

Alerte au burn-out en cancérologie : comment faire face ?


Paris, France - « Le burn-out ou syndrome d'épuisement professionnel est fréquent dans toutes les populations professionnelles, présent dans tous les pays du monde », a indiqué le Dr Roland Behar, psychiatre en oncologie (Hôpital Lariboisière, Paris) au cours d'une session consacrée au burnout en cancérologie lors du congrès Eurocancer 2013 [1].
« Il touche 39% des gens qui travaillent en cancérologie [2,3] », a commenté l'orateur.
Il affecte, par ailleurs, 10% des salariés [4] et 20 à 40 % des soignants [2].
Il est responsable de 3 fois plus de suicides que dans la population générale : 14% chez les médecins libéraux au lieu de 5% dans la population générale [5]. « Un suicide sur 10 est lié à un burn-out », précise le Dr Behar.
Définition du syndrome d'épuisement professionnel
La définition générale est celle d'un épuisement professionnel associé à un engagement professionnel intense, prolongé, aux conditions anxiogènes avec des tensions émotionnelles intenses.
Pour Freudenberger (1974), il s'agit d'un état de fatigue et de frustration causés par dévouement sans réponse aux attentes espérées.

L'oncologie : un terrain propice au burn-out


En oncologie, la charge de travail est intense et prolongée : « ce qui fait le noyau du burn-out ». Le travail demande un haut niveau de technicité. La crainte de faire des erreurs est omniprésente. Le travail est éprouvant sur le plan humain. Le sujet est dans son imaginaire aux confins des notions de handicap, de dégradation physique et de mort. En outre, les soignants dispensent des programmes thérapeutiques agressifs, longs, aléatoires, et imprévisibles sur leurs résultats.
Il y a un lien psychologique croissant qui s'installe au cours du temps entre le patient et le soignant mais il est d'emblée intense. Il y a un rapport de confiance et une notion de responsabilité de la vie d'autrui dans un contexte très anxiogène au quotidien.

Un îlot dépressif isolé dans la vie du patient


Au début, le plus souvent, la pathologie a la caractéristique de n'avoir aucun symptôme clinique. L'installation est discrète et progressive. « Le problème est que la symptomatologie est tellement polymorphe et non spécifique qu'on l'on n'y pense pas d'emblée », explique l'intervenant.
Il s'agit d'un équivalent dépressif qui a des caractéristiques différentes d'un syndrome dépressif classique. Il est électivement orienté sur le sujet du travail dans son contexte particulier. « C'est un ilot dépressif isolé dans la vie du patient. »
La victime de burn-out souffre d'une très grande fatigue physique. Les mouvements deviennent pénibles, les déplacements difficiles, l'absentéisme est croissant. « On peut se déplacer pour aller à n'importe quelle activité mais sur le travail cela devient de plus en plus douloureux », précise le Dr Behar. Ou, à l'inverse, on constate une agitation psychomotrice intermittente.
Il y a un désir de changement de poste, de reconversion alors que la motivation est pourtant réelle et authentique.
Les somatisations sont multiples : cervicalgies, lombalgies, alopécies, céphalées, palpitations, troubles digestifs.
Les troubles du contrôle émotionnel aussi: labilité de l'humeur, larmes, irritabilité, colère aux moindres stimuli.

Apparition d'une « chosification » du patient


Une des deux principales caractéristiques du burn-out en cancérologie est l'apparition de troubles relationnels inter personnels avec une déshumanisation progressive et une « chosification » du patient. « On se sent indisponible pour cette relation personnalisée soignant-malade qui est pourtant souvent la raison qui a déterminé le choix de cette activité. On devient froid, agressif, cynique. On peut même aller jusqu'à faire des erreurs », explique le psychiatre.
Il y a aussi une indisponibilité pour les relations professionnelles, familiales, et sociales.
La personne en burn-out est dépendante économiquement du travail d'où une image dévalorisée d'elle-même et un risque de conduite à risques.
Elle cherche parfois une aide par une conduite addictive : alcool, tabac, médicaments pour « tenir le coup », espérant obtenir une action de détente.

Conséquences : absentéisme ou pseudo-activisme avec perte d'efficience au travail


Les conséquences psychologiques sont les troubles de l'appétit (anorexie, boulimie), les troubles du sommeil (difficultés d'endormissement, réveils nocturnes avec pensées sur le travail, cauchemars sur le thème du travail dans son contexte, levers précoces ou tardifs avec fatigue).

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