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Monday, March 2, 2015

Curage ganglionnaire pour les cancers du pénis : une prise en charge suboptimale

Par le Dr Jean-Nicolas Cornu (Hôpital Tenon - Paris)
D’après la communication :
Receipt of inguinal lymph node dissection in patients with T2 penile cancer: Results from the National Cancer Database.
Mohammed Haseebuddin et al.
ASCO GU 2015, Orlando, 26-28 février 2015


Les recommandations de prise en charge du cancer du pénis (notamment les guidelines du National Comprehensive Cancer Network) font mention de la nécessité de réaliser un curage ganglionnaire inguinal chez les patients à risque intermédiaire (T1b) ou à haut risque d’envahissement ganglionnaire (T2 ou grade 3), même en l’absence de ganglions pathologiques palpables.

Dans des travaux originaux présentés au Congrès de l’ASCO-GU 2015, Haseebuddin et al. (abstract 383) ont présenté des données concernant le reflet indirect du respect de ces recommandations en examinant le taux d’utilisation du curage entre 1998 et 2011 à l’aide de la National Cancer Database (NCDB).
Sur cette période, les auteurs ont extrait les informations concernant tous les patients traités pour cancer du pénis, avec lésion T2. Les tendances concernant l’utilisation du curage ganglionnaire inguinal ont été étudiées. Après avoir procédé à un ajustement sur les caractéristiques des patients, l’anatomopathologie, les caractéristiques démographiques, des facteurs associés à la pratique du curage ont été recherchés à l’aide de modèles de régression logistique multivariés.
Sur les 2019 patients identifiés sur la période étudiée,  693 (34.3%) ont eu un curage ganglionnaire. Ce taux était insuffisant, et non en accord avec les guidelines actuelles. Il n’a pas progressé entre 1998 to 2011 (passant de 34,2 % à 40%; p = 0.09). Les facteurs influençant la réalisation d’un curage étaient l’âge, le phénotype hispanique, le statut d’assurance santé et le type d’établissement de soins.
Par ailleurs, aucune relation entre le fait d’avoir un curage et le niveau socio-économique, l’habitat rural ou urbain, le grade tumoral, ou le score de Charlson pour les comorbidités n’a été mis en évidence. Après ajustement et analyse multivariée, des différences significatives ont été notées chez les patients avec une maladie de haut grade (odd ratio de 1,35 [CI 1,1-1,7]) et chez ceux traités dans des centres académiques (OR 3.2 [CI 2.2-4.7]), qui avaient plus souvent un curage. En revanche, d’autres populations avaient moins souvent un curage ganglionnaire inguinal (patients âgés de plus de 70 ans (OR 0.41 [CI 0.28-0.60].

Ainsi, il a été révélé dans cette étude qu’un tiers seulement  des patients avec une lésion T2 avaient dans les suites un curage ganglionnaire inguinal (alors que cette attitude est recommandée. Ce profil de traitement n’a pas évolué au cours des dix dernières années. Alors que plusieurs facteurs peuvent expliquer cette différence entre la pratique clinique réelle et les recommandations, il semble opportun d’adresser ces patients présentant des tumeurs relativement rares à des centres experts de référence, ce qui pourrait permettre une correction des chiffres actuellement constatés.
Date de publication : 28-02-2015

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