Résultats de la cystectomie radicale et de la chimiothérapie adjuvante chez les patients âgés
Rapporté par Thomas Seisen (Hôpital de la Pitié Salpêtrière, Paris) d’après la communication :
Radical Cystectomy and Adjuvant Chemotherapy for Muscle-Invasive Bladder Cancer in the Elderly: A Population-Based Study
M. Leveridge et al.Radical Cystectomy and Adjuvant Chemotherapy for Muscle-Invasive Bladder Cancer in the Elderly: A Population-Based Study
AUA 2014, Orlando, 16-21 mai 2014
Malgré l’intérêt carcinologique démontré de la chimiothérapie adjuvante
après cystectomie radicale pour le traitement d’une tumeur de vessie
infiltrant le muscle (TVIM) de stade pT3-4 et/ou N+, son utilisation
reste actuellement très limitée probablement à cause des nombreux effets
secondaires liés à ce type de traitement. Il semblerait que ce soit
particulièrement le cas chez les patients âgés compte tenu des
résultats rapportés par une étude rétrospective comparant l’utilisation
ainsi que l’intérêt de la cystectomie radicale et de la chimiothérapie
adjuvante chez 2738 patients divisés en 4 classes d’âge : < 70 ans ;
70-74 ans ; 75-79 ans ; ≥80 ans. Les différents groupes de patients
présentaient des caractéristiques cliniques et anatomopathologiques
similaires à l’exception du statut ganglionnaire puisque la
lymphadénectomie était réalisée moins fréquemment chez les sujets âgés
(< 70 ans=74%, 70-74 ans=67%, 75-79 ans= 67%, ≥80 ans=57% ;
p<0.0001). L’importante morbidité de la cystectomie radicale chez
ces mêmes patients était confirmée par un taux de mortalité à 30 jours
(< 70 ans=1%, 70-74 ans=2%, 75-79 ans= 3%, ≥80 ans=6% ; p<0.0001)
et 90 jours (< 70 ans=5%, 70-74 ans=9% , 75-79 ans= 11%, ≥80
ans=15% ; p<0.0001) post-opératoires croissant avec l’âge. De même,
les taux de survie globale (< 70 ans=36%, 70-74 ans=28%, 75-79 ans=
21%, ≥80 ans=21% ; p<0.0001) et spécifique (< 70 ans=38%, 70-74
ans=31%, 75-79 ans= 30%, ≥80 ans=30% ; p<0.0001) à 5 ans étaient
significativement inférieurs chez les sujets les plus âgés. Alors que la
chimiothérapie adjuvante était moins utilisée chez les patients âgés
(< 70 ans=30%, 70-74 ans=15%, 75-79 ans= 9%, ≥80 ans=3% ;
p<0.0001), les résultats carcinologiques semblaient identiques quel
que soit l’âge. En analyse multivariée, l’utilisation de la
chimiothérapie adjuvante chez les patients âgés de plus et de moins de
70 ans était associée à une augmentation comparable de la survie globale
(HR=0,64 [0,52-0,79] et HR=0,70 [0,59-0,84], respectivement) et
spécifique (HR=0,73 [0,58-0,92] et HR=0,71 [0,58-0,86].
En conclusion,
l’utilisation de la chimiothérapie adjuvante pourrait permettre de
rattraper les résultats carcinologiques moins bons de la cystectomie
radicale chez les patients âgés compte tenu de son efficacité constante
au cours du vieillissement.
L’âge ne devrait donc pas être une
contre-indication formelle à l’utilisation de la chimiothérapie
adjuvante pour le traitement d’une TVIM localement avancée mais une
évaluation globale par un onco-gériatre semble cependant souhaitable
avant d’envisager ce type de traitement chez le sujet âgé.
Date de publication : 17-05-2014
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