Cancers du sein :
quels sont les vrais facteurs de risque ?
Paris, le lundi 19 mai 2014 –
Parce qu’il est le cancer le plus
fréquent chez les femmes et sans doute également parce qu’il existe
un programme de dépistage systématique (qui est par ailleurs
l’objet de polémiques), on ne compte plus le nombre d’études
suggérant l’existence d’un lien entre tel ou tel comportement et le
risque de souffrir d’un cancer du sein. Ces corrélations pas
toujours parfaitement étayées par des statistiques fiables sont
souvent largement reprises dans les médias, en particulier
lorsqu’il s’agit de pointer du doigt quelques substances chimiques.
Il a ainsi été beaucoup affirmé que l’usage de certains déodorants
ne serait pas sans risque. De même, des doutes ont émergé
concernant l’impact de différents traitements hormonaux. On a
également assisté à la longue énumération des aliments (thé, café,
tomate) qu’il serait saint d’éviter. Enfin, certains spécificités
anatomiques (taille des seins, port de prothèse) ont pu être dans
la ligne de mire.
Homogénéiser la surveillance des femmes à risque
Face à cette multitude d’informations, au degré de fiabilité
très variable, la Haute autorité de Santé (HAS) a souhaité réaliser
une étude complète de l’abondante littérature scientifique publiée
sur ce sujet. Dans ses conclusions qu’elle publie aujourd’hui, elle
note qu’au total « 69 facteurs de risque présumés » ont pu
être identifiés. Mais les données disponibles ne sont suffisamment
convaincantes de l’existence d’une augmentation réelle du risque ou
d’une augmentation modérée voire modeste d’un mauvais pronostic du
cancer que pour sept d’entre eux. Il s’agit :
« des antécédents personnel de cancer du sein invasif ou de carcinome canalaire in situ ; des antécédents d’hyperplasie canalaire atypique, d’hyperplasie lobulaire atypique ou de carcinome lobulaire in situ ; des antécédents de radiothérapie thoracique (irradiation thoracique médicale à haute dose pour maladie de Hodgkin) ; des antécédents familiaux de cancer du sein avec score d’indication à la consultation d’oncogénétique ≥ 3 selon le score d’Eisinger* en l’absence de mutation génétique identifiée dans la famille ».
« des antécédents personnel de cancer du sein invasif ou de carcinome canalaire in situ ; des antécédents d’hyperplasie canalaire atypique, d’hyperplasie lobulaire atypique ou de carcinome lobulaire in situ ; des antécédents de radiothérapie thoracique (irradiation thoracique médicale à haute dose pour maladie de Hodgkin) ; des antécédents familiaux de cancer du sein avec score d’indication à la consultation d’oncogénétique ≥ 3 selon le score d’Eisinger* en l’absence de mutation génétique identifiée dans la famille ».
Pour chacun de ces cas, déjà bien identifiés par les équipes
soignantes, la HAS a défini les modalités de dépistage qui
devraient être mises en œuvre. Elle a notamment précisé l’âge
auquel la surveillance doit être débutée et sa fréquence, les
examens à réaliser et la durée du suivi. « L’enjeu de ces
recommandations est d’améliorer et d’homogénéiser les pratiques de
dépistage chez ces femmes, notamment d’éviter des examens
radiologiques trop fréquents, trop rapprochés ou à un âge trop
jeune » précise l’institution dans un communiqué.
Travail de nuit : un risque pas suffisant pour justifier un dépistage précoce ou particulier
Parmi les risques présumés qui ont été écartés, certains sont
considérés comme inexistants. Il en est ainsi du fait de porter des
implants ou de consommer certains aliments (thé, café, tomate…),
mais aussi du tabagisme. Pour d’autres, « les données
scientifiques ne sont pas suffisamment fiables ». Il s’agit
par exemple du recours à certains déodorants, de la densité
mammaire après la ménopause ou encore de la taille des seins.
Enfin, pour certains facteurs, une augmentation modérée voire
modeste du risque semble être confirmée : l’absence de grossesse,
la prise de traitement hormonal substitutif, de contraception,
l’obésité ou encore le travail de nuit. Néanmoins, les chiffres
obtenus ne permettent pas de justifier un dépistage particulier,
précise le président de la HAS, Jean-Luc Harrousseau, interrogé
notamment sur France Info sur le choix de la HAS de ne pas retenir
le critère concernant le travail de nuit. De même sur le tabagisme,
il note : « De nombreuses études montrent que le tabagisme
entraîne soit pas d’augmentation, soit une augmentation modeste du
risque. Ce qui ne justifie pas de modification de la stratégie
actuelle du dépistage organisée ».
Quid du programme systématisé ?
Au final, la HAS n’a retenu que des facteurs de risque non
modifiables comme justifiant la mise en place d’une surveillance
spécifique. Ce choix traduit la volonté de mettre un terme aux
affirmations non vérifiées sur certains comportements prétendument
cancérigènes. Son caractère aussi tranché pourrait cependant ne pas
permettre d’atteindre son objectif. Il est probable que les
supputations les plus diverses continueront à circuler. Enfin, ces
recommandations sur les modalités spécifiques de dépistage ne
disent rien sur les controverses qui entourent le programme de
dépistage national qui ne retient pour sa part qu’un seul critère :
l’âge.
Aurélie Haroche
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