La mortalité chirurgicale augmente avec l’âge et ceci est
particulièrement vrai pour le sous-groupe, si vulnérable, des
sujets âgés amenés à subir des interventions en urgence. Le
taux de mortalité est alors décuplé par rapport aux plus jeunes
mais il varie selon les centres, ce qui pourrait être lié à une
prise en charge différente des complications majeures.
Pour vérifier cette hypothèse, une étude a été entreprise sur
les interventions en urgence pratiquées dans différents hôpitaux du
Michigan. Les données préopératoires (âge, pathologies associées,
sévérité de l’urgence, etc.) ont été recueillies. Les critères de
jugement étaient la mortalité des 30 premiers jours, les
complications majeures, (sepsis profonds, défaillance rénale aiguë,
saignements, complications cardiorespiratoires, maintien de la
ventilation assistée > 2 j…), et l’échec des mesures prises pour
contrôler ces complications (ECC). Le décès après une de ces
complications majeures définissait l’ECC. Une comparaison a été
établie entre les malades de plus de 75 ans (groupe âgé ; GA)
et moins de 75 ans (groupe jeune ; GJ), les hôpitaux étant classés
en 3 catégories (haute, moyenne et basse mortalité à J 30).
Entre 2006 et 2001, les 52 hôpitaux participants du Michigan ont
accueilli 23 224 opérés en urgence, dont 19 % se situant dans le GA
(âge moyen 82) et 81 % dans le GJ (âge moyen 49 ans). Les patients
du GA avaient plus de maladies associées, un stade ASA
(American Society of Anaesthesiologists) 3 fois plus
souvent > 4, et leurs interventions étaient plus lourdes et plus
longues (77 vs 57 mn) ; ils entraient aussi plus souvent dans la
catégorie « à ne pas réanimer ».
Après ajustement en fonction des facteurs cliniques des malades,
et du débit des hôpitaux, il a été constaté que, selon la catégorie
de ces derniers, la mortalité à 30 j était de 6,4, 7,4 et 8,9 %,
mais, en fonction de l’âge, les chiffres pour le GJ allaient de 4,1
à 5,4 %, ceux du GV s’échelonnaient de 17,5 à 22,8 %. En revanche,
les taux de complications n’étaient pas corrélés avec la mortalité,
ni dans le GJ (20 % dans les 3 catégories), ni dans le GV (40
%).
Les auteurs ont alors calculé les taux d’ECC pour chaque
catégorie et observé qu’ils étaient significativement plus élevés
dans les hôpitaux à forte mortalité (25 % pour le GJ et 42 % pour
le GV) que dans ceux à mortalité faible (13 et 27 %). Au niveau du
patient, le taux d’ECC est presque doublé chez les sujets > 75
ans, dans chaque catégorie, différence qui se maintient après
élimination des malades « à ne pas réanimer ».
L’échec dans les tentatives de « sauvetage » des
patients victimes de complications majeures après chirurgie
d’urgence semble donc bien être à l’origine des variations de
mortalité entre les hôpitaux du Michigan. Même si le taux élevé
d’ECC chez les sujets âgés peut être lié à leur fragilité
physiologique, les grandes variations de mortalité observées entre
les hôpitaux même dans cette population montrent qu’il est sans
doute possible d’apporter une amélioration en prenant en charge
rapidement et efficacement les complications majeures.
Dr Jean-Fred Warlin
Sheetz KH et coll. : Improving mortality following emergent surgery in older patients requires focus on complication rescue. AnnSurg., 2013; 258: 614-618.
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